Dans la communauté africaine en général, la masculinité positive est un processus de voyage transformationnel complet. Ce modèle est d’abord proposé par SJS aux différentes catégories des personnes. Pour le motocycliste, partant de l’analyse de leurs comportements et des pressions de la société voici en quelques points ce qui représente la masculinité positive :
Un participant déclare : "Dans notre société, un homme doit être courageux et prêt à prendre des risques. Si vous ne faites pas preuve de bravoure, vous êtes considéré comme faible."
Un autre participant ajoute : "Il y a une pression énorme pour les hommes d'être forts et de ne pas montrer leurs émotions (surtout ne pas pleurer). Cela crée une image de masculinité toxique."
Un motocycliste témoigne : "Après une longue journée de travail, je me sens tellement stressé que je suis tenté de boire pour me détendre. C'est devenu une habitude dangereuse."
Un autre motocycliste explique : "Il y a une culture de la consommation d'alcool et de drogues parmi les motocyclistes. Si vous ne participez pas, vous êtes exclu du groupe."
Au travers ces activités, Si Jeunesse Savait a compris certaines de motivations qui enfoncent les jeunes dans les pratiques de la masculinité toxique, c'est ainsi qu'après plusieurs séances parlant d'échange et sensibilisations sur les pratiques pouvant les aider à vaincre les pressions sociales ces motocyclistes ont signés la charte de masculinité positive dans leurs zones de santé respective.
Depuis le 25 mai 2022, Cuso International, Si Jeunesse Savait, Sodeico et Jeunialissime mettent en œuvre le projet Talents Pluriels RDC. Financé par l’agence Suédoise de coopération internationale et Affaire mondiale Canada, ce projet sera implémenté dans les villes de Kinshasa, Lubumbashi (Haut-Katanga) et Bukavu (Sud-Kivu) pour une durée de quatre ans. Pour cette première année, seul la capitale Kinshasa est concernée. Talents Pluriels cible principalement les jeunes vulnérables dont l’accès au marché du travail reste très difficile. Voici en résumé ce qu’il faut savoir sur ce projet.
Les jeunes vulnérables en RDC ont un accès limité aux ressources/services sociaux et économiques. Ils manquent également de liberté de choix et de pouvoir de décision dans les espaces socio- économiques. Chaque année, des milliers de jeunes entrent sur le marché du travail formel à la recherche d'un emploi décent et, quel que soit leur niveau d'éducation, ils peinent à trouver du travail. Ce qui contraint ces jeunes vulnérables à se tourner vers le secteur informel, les exposant davantage à la violence, au harcèlement et à la discrimination. Bien que des lois existent pour protéger les femmes et que les relations entre personnes de même sexe ne soient pas illégales, le déséquilibre et la discrimination à l'égard des jeunes femmes et d’autres jeunes vulnérables sont présents dans tous les secteurs de la vie publique et privée. Ils sont notamment exclus du marché d’emploi.
C’est dans ce contexte que le projet Talents Pluriels prend tout son sens pour œuvrer en vue d’une autonomisation financière de ces jeunes vulnérables.
Talents Pluriels poursuit trois objectifs :
Sur l’autonomisation financière, « Talents Pluriels » cible majoritairement les jeunes filles et jeunes d’autres groupes vulnérables. Près de 4480 jeunes seront formés et accompagnés à créer et gérer leurs petites et moyennes entreprises. Environ 3000 seront formés et accompagnés à l’obtention d’un emploi ou stage décent.
De l’autre côté, le projet va sensibiliser près 20 organisations internationales et entreprises avec leurs +800 collaborateurs à l’égalité de sexe, au genre et inclusion sociale. Plus de 2000 membres de la communauté seront également sensibilisés sur l’égalité de sexe, le genre et l’inclusion sociale pour créer un environnement plus sûr et sensible au genre pour ces jeunes.
Les bénéficiaires seront regroupés dans les espaces de travail en commun (espace coworking) où ils seront coachés par des experts en raison d’un espace par district à Kinshasa. Nous y allons en termes de cohortes dont la première sera bientôt lancée à Kinshasa. Après les formations sur la recherche d’emploi pour chaque cohorte, un salon d’emploi sera organisé pour mettre en contact les jeunes formés avec les potentiels recruteurs. Les jeunes entrepreneurs eux seront accompagnés jusqu’à la création et formalisation de leurs entreprises.
Cuso International
#MonDroit, #MaSanté
La République Démocratique du Congo est parmi les pays de l'Afrique Subsaharienne qui affiche un taux de mortalité maternelle le plus élevé au monde, et on compte 251.160 adolescentes qui avortent chaque année et perdent leurs vies, contribuant ainsi à l'échelle de 20% de la mortalité maternelle !
Pour réduire ce taux considérablement élevé, nous avons lancé une série des sensibilisations pour promouvoir les droits à la santé sexuelle et reproductive des adolescents et jeunes de 14 à 24 ans et toutes les questions y relatives sans tabou.
Ces activités sont menées dans le cadre du projet "Droit Na Ngayi, Santé Na Ngayi" (Mon Droit, Ma santé) mis en œuvre par Si Jeunesse Savait grâce à notre partenaire Monde Selon les femmes et exécuté dans quatre (4) communes de la ville Kinshasa.
Les activités communautaires permettront aux adolescents (es) et jeunes d'avoir une connaissance approfondie sur le Protocole de Maputo ainsi que leurs droits aux soins complets d'avortement selon les prescrits de la loi en RDC.
Cette campagne de deux semaines se veut un moyen d’amener des hommes et des jeunes garçons à être les premiers promoteurs des droits à la santé sexuelle et reproductive des femmes et des jeunes filles, particulièrement les droits à l’avortement sécurisé.
Les seize jours d’activisme contre les violences basées sur le genre ont pris fin le 10 décembre, mais le combat continue. Ainsi, cinq organisations, Si jeunesse savait, Santesexuelle.cd, Amour Afrique Congo, Racoj, et Cfleg lancent-elles une campagne en ligne dénommée « AGIR AVEC ELLE ».
Cette campagne de deux semaines se veut un moyen d’amener des hommes et des jeunes garçons à être les premiers promoteurs des droits à la santé sexuelle et reproductive des femmes et des jeunes filles, particulièrement les droits à l’avortement sécurisé.
Il sera surtout question de sensibiliser les internautes sur le danger et les conséquences des avortements clandestins en présentant des chiffres officiels. Mais aussi de rappeler le cadre légal des questions d’avortement en République démocratique du Congo, particulièrement de l’article 14 du Protocole de Maputo.
Plus de 250 mille internautes sont ciblés à travers des courts messages et des articles de presse qui seront publiés dans différentes pages réseaux sociaux et sites web des organisations qui prennent part à cette campagne.
La RDC a signé sans réserve depuis 2008 le Protocole de Maputo, une charte africaine qui autorise l'avortement en cas de viol, inceste et toutes autres raisons thérapeutiques pour préserver la santé et la vie de la femme. Malgré cela, des nombreuses femmes et filles continuent d’avorter clandestinement soit par ignorance soit par la peur de voir ces droits leur être refusés par une société conservatrice.
Selon l'Etude démographique de la santé (EDS 2013-2014), l'avortement non sécurisé est la deuxième cause de mortalité maternelle en RDC (846 décès sur 100 000 naissances vivantes).
Pour la seule ville de Kinshasa, il se produit plus de 400 avortements clandestins par jour, selon une étude réalisée en 2016 par l'Ecole de santé publique et Guttmacher Institute.
L’implication des hommes aux côtés des femmes est une nécessité pour mettre fin à ces avortements clandestins.
Depuis 1992, la Journée internationale des personnes handicapées est célébrée chaque année le 3 décembre à travers le monde. Cette journée vise à promouvoir les droits et le bien-être des personnes handicapées dans toutes les sphères de la société et du développement et à accroître la sensibilisation à leur situation particulière dans tous les aspects de la vie politique, sociale, économique et culturelle.
Au niveau mondial, l’OMS estime que 15% des personnes vivent avec un handicap, et que cette proportion augmente en situation de crise. Ainsi, la RDC n’échappe pas à cette réalité et les prévalences sur les zones de crises doivent être attendues comme supérieures au seuil global de 15%.
Fort malheureusement, le constat fait en RDC est qu’une grande partie des personnes vivants avec handicap se livrent à la mendicité ou sont dans des mauvaises conditions de vie par manque d’accès à l’éducation ou le taux réduits d’accéder à un emploi. Elles ont également un accès moindre que quiconque aux soins de santé, à la vie sociale.
De par ces faits, les personnes vivant avec handicap sont exposées à un risque élevé de pauvreté, de violence, de négligence ou d’atteintes et sont au nombre des personnes les plus marginalisées dans nos communautés.
Autisme, handicap mental, handicap visuel, handicap auditif, handicap moteur ou autres types, constituent pour certains un motif de discrimination ou stigmatisation à l’égard des personnes qui en sont atteintes et les femmes sont doublement marginalisées selon La Convention des Nations Unies relative aux Droits des Personnes Handicapées.
Réalisant les inégalités préexistantes et l’ampleur de l’exclusion dont les personnes vivants avec handicap subissent démontrent comment le respect des droits humains est bafoué et pourtant ces droits sont inscrits dans la constitution congolaise et le pays a ratifié la convention des Nations unies sur le sujet en 2015.
Trop souvent, ceux qui vivent avec un handicap sont considérés comme des sujets de gêne et, au mieux, de condescendance et de charité … Même s’ils jouissent des mêmes droits que d’autres sur le papier, en réalité, ils ont souvent été marginalisés et se sont vu refuser les chances que d’autres tiennent pour acquises.
Le handicap ne doit pas constitué un frein dans la vie et une raison d’exclusion. Cette journée internationale instauré doit être une occasion de questionnement : « Est-ce que cette journée a raison d’être célébré en RDC si les inégalités continuent à être perpétré contre les personnes vivants avec handicaps ? »
Nous devons repenser aux stratégies pour résoudre le problème d’intégration sociale et favoriser l’insertion économique des personnes vivant avec un handicap étant qu’acteur du changement dans notre pays.
Les questions de lutte contre les violences basées sur le genre demeurent encore d’actualité en République Démocratique du Congo. Cette année pour le lancement des activités des 16 Jours d’activisme contre les violences basées sur le genre qui débutent le 25 Novembre, la Ministre belge de la Coopération au développement et de la Politique des Grandes villes, Meryame Kitir a saisi cette occasion pour s’imprégner de notre travail sur cette thématique.
Dédiée chaque année comme la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes et aux minorités du genre, le 25 Novembre de cette année a été marqué par la visite de la ministre belge chargée de la coopération et de sa délégation. Etant une journée significative dans notre lutte, nous avons, à l’occasion tenu nos clubs des jeunes pour une sensibilisation sur les formes de violences qui existent et des mécanismes pour l’élimination de ce fléau.
Au cours de sa visite, la ministre a eu l’occasion d’échanger avec le staff de Si Jeunesse Savait sur les différents projets réalisés entre autre sur la masculinité positive, également s’imprégner de notre travail terrain dans la lutte contre les violences dont les femmes subissent et plus particulièrement les jeunes filles.
Profitant de cette occasion, la ministre a échangé avec des jeunes dans les clubs organisés par SJS et aussi avec les jeunes artistes des différentes disciplines afin de prendre connaissance de leurs travaux, leurs réalités et leur vision du monde artistique.
Témoignant son engagement pour la défense des droits des femmes, l'égalité de genre et la lutte contre la violence basée sur le genre, la ministre Meryame Kitir a, au terme de sa visite, manifesté l’intérêt de subventionner les activités sur la masculinité positive afin d’intensifier nos actions sur terrain.
30 novembre - 18h-20h30 - 10 Rue du Méridien
Que signifie être féministe au Brésil et en République Démocratique du Congo aujourd’hui ? Comment s’organise cette militance ? Quelles sont les stratégies de résistance, les avancées et les écueils ? Les alliances avec d’autres combats ?
Pour répondre à ces questions, Si Jeunesse Savait partagera son expérience à travers Patrick Maliani Issa, notre Responsable Programme DSSR qui sera l'un des intervenants de cette conférence, au coté de Danielle Coenga-Oliveira, universitaire brésilienne.
Deux regards singuliers, deux contextes très différents mais certainement des analogies et des ponts à construire et cela pour éclairer l'opinion sur la militance des droits de la Femme.
Patrick Maliani Issa est Responsable du programme DSSR (Droit à la santé sexuelle et reproductive), Il accompagne entre autres les efforts de plaidoyer de SJS pour un avortement sécurisé en RDC. Il est le lauréat du prix YO PE OKOKI HOPE AWARD, (JEUNIALISSIME, 2019), pour son investissement personnel dans la mise en œuvre des droits et le renforcement des capacités de la communauté LGBTQI en RDC.
Danielle Coenga-Oliveira est candidate au doctorat en science politique et études féministes à l’Université du Québec à Montréal. Dans le cadre de sa thèse doctorale, elle se penche sur le rapport entre les politiques antiféministes « anti-genre » et la démocratie à l’intérieur de l’État brésilien. Elle est aussi titulaire d’une maîtrise en psychologie sociale (Université de Brasilia, au Brésil) et d’une maîtrise en études internationales (Université de Montréal).
Un évènement organisé par le Monde selon les femmes et l’Université des femmes.
Ayant grandi dans une banlieue de Kinshasa, Louise* – 15 ans – est devenue mère à 14 ans après avoir été violée par un jeune homme de son quartier. Orpheline de mère, sa tante qui l’héberge n’a pas voulu la soumettre à l’IVG pour, lui disait-elle, éviter la honte de la famille. Et pourtant, c’est ce que Louise a toujours vécu depuis ce malheureux accident de la vie.
Silhouette d’enfant, faible de poitrine, Louise n’affiche aucune apparence d’une mère. Pourtant, elle l’est devenue depuis plus d’une année. Fin 2018, elle fréquentait une famille dans son quartier où elle avait une amie. « Pendant que je somnolais chez mon amie, un de ses cousins m’a demandé d’aller me coucher puisque je ne me sentais pas aussi bien. Pendant que mon amie s’attelait à autre chose un peu plus loin dans la parcelle, son cousin m’a violé », explique Louise.
Un fait qu’elle n’a communiqué qu’à son amie. Celle-ci l’a fait savoir à sa famille et le cousin a été renvoyé de la maison. Mais près de trois mois après, Louise réalise que l’acte n’était pas sans conséquence. Elle était enceinte. « J’ai parlé de cette situation à ma tante, elle a menacé aussi de me chasser du toit familial. Je lui ai demandé si elle pouvait m’aider à se faire avorter, elle m’a répondu qu’elle ne devait pas assumer cette honte de la famille. Ma grossesse était le fruit de mon imprudence, je devais m’assumer », relate-t-elle.
Son amie qui connaissait déjà sa situation de grossesse a contribué à la propagation de la nouvelle dans le quartier. « J’étais devenue doublement un sujet de moquerie. A la fois de ma tante qui me qualifiait de ‘‘pute’’ par ce que j'ai pensé à l’avortement et de certaines personnes du quartier parce qu’on m’a rendu grosse par un inconnu », se rappelle Louise.
Après son accouchement, la jeune femme n’a pas pu allaiter le bébé. Un des membres de la famille de l’auteur du viol a récupéré le bébé.
" Ma vie a basculé, regrette Louise. Puisque j’ai arrêté mes études et je ne vis plus comme un enfant. Ma famille me demande parfois de cotiser pour la nourriture. Quand je réponds en blaguant que je ne suis qu’un enfant et que je ne travaille pas, certains se moquent en s’interrogeant : mais comment tu as pu enfanter ? ».
Pourtant, le problème de Louise pouvait bénéficier d’une assistance, étant un des cas repris dans le Protocole de Maputo qui apporte un assouplissement au Code pénal congolais qui interdit toute pratique d'avortement. Le Protocole de Maputo en vigueur en RDC autorise l'avortement dans des cas spécifiques, notamment « en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou la vie de la mère ou du foetus. » La peur de la stigmatisation a empêché Louise d'agir selon son choix. Et malheureusement, elle vit cette stigmatisation chaque jour.
Équipe de campagne
Louise*, prénom d’emprunt
Ignorant qu'elle était enceinte, Prisca, 28 ans, a pris des antibiotiques pour guérir ce qu'elle pensait être des infections vaginales. Mais ces produits, pris sans consulter un médecin, vont mettre en danger sa vie et celle du fœtus.
Dans le cadre de la campagne #RespectezMonChoix, Prisca s'est confiée à santesexuelle.cd.
La jeune dame sort d'un mariage, il y a plus d'une année.
" Mon ex-mari et sa famille estimaient que j'étais stérile", raconte-t-elle.
Après la fin de l'union coutumière avec le premier homme de sa vie, Prisca a trouvé un nouveau compagnon avec qui elle partage une vie amoureuse depuis 7 mois. Et, c'est dans cette relation qu'elle est tombée enceinte, sans le savoir.
Influencée par son passé, elle ne croyait plus être capable de procréer. Et quand elle ressent l'inconfort dans son intimité féminine, Prisca a pensé à tout sauf à un malaise de grossesse.
" Mes amies m'ont dit que ça devait être des infections ovulaires et m' ont proposé de prendre quelques antibiotiques ", révèle-t-elle.
"Après quelques semaines, rien ne changeait. Au contraire, mon état s'était aggravé. Je commençais à avoir de petits saignements régulièrement. C'est alors que je me suis rendue à l'hôpital. Là, le médecin m'a diagnostiqué une grossesse en souffrance. Ce n'était plus possible de la garder au regard des médicaments que j'avais pris pour me soigner des infections. A ma grande surprise, le médecin m'a proposé un avortement par perfusion. Après trois séances, les choses s'aggravaient toujours. D'après le médecin, mes trompes avaient des problèmes. En harmonie avec la famille, je devais subir une intervention chirurgicale pour extirper tous les déchets dans mon utérus".
Après cette dure épreuve, Prisca doit maintenant faire face à la stigmatisation dans le quartier, voire dans sa famille. Même sa relation avec l'auteur de la grossesse est au bord de la rupture. "Il m'accuse, comme presque tout le monde, d'avoir volontairement chercher cet avortement. Or, j'ignorais totalement être enceinte", regrette-t-elle.
Selon l'article 14 du Protocole de Maputo, un avortement est notamment autorisé si la grossesse met en danger la vie de la mère ou du fœtus. Et Prisca s'est retrouvée, sans le souhaiter, dans ce cas.
Jules Ntambwe
Il y a plus d’une année, Anne*, la vingtaine révolue, devait choisir entre soigner une tuberculose osseuse aigue et garder sa première grossesse après le mariage. Aujourd’hui guérie et à nouveau enceinte, elle nous partage, non sans peine, une page la plus difficile de sa vie.
« En mai 2019, j’avais de sérieuses douleurs au dos. Je ne pouvais plus me lever. Mon mari, c’est mon héros. Il pouvait bien m’aider à tout faire, mais ce n’était pas facile», témoigne Anne, non sans laisser échapper quelques gouttes de ses yeux perçantes, en se remémorant ce qu’elle qualifie de « pire moment de son existence ».
« Nous sommes allés voir un ami à mon mari qui est médecin. N’étant pas spécialiste en la matière, il va tout de même constater une anomalie et va nous recommander chez un médecin spécialiste dans un centre hospitalier de la place où je vais subir quelques examens », raconte-elle.
La radiographie va révéler une tuberculose osseuse, à la grande incrédulité du couple.
« Le cliché démontrait que j’avais trois vertèbres, au total, qui s’abimaient déjà. Au niveau de ma hanche, j’avais un os gonflé. Mais, on a eu du mal à y croire et nous avons pris l’option d’aller dans un grand hôpital de la capitale », renchérit Anne.
« J’ignorais que j’étais enceinte »
Le couple espère que dans ce grand hôpital situé dans la commune de Limete, les résultats du cliché précédent seront démentis.
« Nous avons passé un tas d’examens, dont celui de VIH/Sida. Le médecin va nous demander de tout recommencer à zéro : la radiologie, l’IRM ... Mais avant tout, il avait constaté que j’étais enceinte, ce dont j’ignorais. Il a pris le temps d’en parler à mon mari. Pour le médecin, avant d’entrer dans toutes ces machines, il n’était pas bon pour moi de garder cette grossesse, explique Anne. Et avec les anciens clichés qui évoquaient une tuberculose osseuse, le médecin parlait d’une impossibilité de garder la grossesse qui était à ses premières semaines ».
Choix difficile
Ainsi, Anne devait-elle choisir entre soigner une tuberculose osseuse aigue et garder une première grossesse après le mariage.
«Après mon mari, le médecin a décidé de m’en parler, car c’est de mon corps qu’il s’agissait. Après l’avoir écouté, j’avais des larmes. C’était ma première grossesse et je voulais bien avoir cet enfant. Mais le médecin m’a dit : ‘’nous devons te sauver, le bébé viendra toujours. Ce n’est pas grave et tout va bien se passer ».
Et de poursuivre : « Je n’avais plus de choix. J’avais tellement mal... Il était encore 9 heures lorsque la grossesse a été interrompue en toute sécurité. Après quelques heures de repos, nous sommes repartis sur d’autres examens. Au finish, l’hôpital va confirmer la tuberculose osseuse aigue. Je devais prendre des médicaments sans interruption pendant douze mois ».
Un avortement sécurisé sauve des vies
Aujourd’hui, Anne a retrouvé le sourire. Totalement guérie de cette tuberculose, elle est retombée enceinte depuis 32 semaines et sera bientôt mère d’un garçon. Sa grossesse évolue bien et sans complications.
L’histoire d’Anne est riche en enseignements. Elle démontre que, très souvent, des femmes se retrouvent dans des situations où l’avortement s’impose comme la seule alternative pour leur santé ou leur vie.
Cette histoire souligne aussi, à elle seule, la nécessité de recourir aux soins d’avortement dans des conditions sécurisées, selon les normes de l’OMS. Un avortement sécurisé sauve non seulement des vies, mais épargne également des complications qui peuvent avoir des conséquences sur la procréation.
Face à une grossesse qui met en danger la vie d’une femme, le recours à l’avortement sécurisé est autorisé en RDC, conformément à l’article 14, alinéa 2, point C, du Protocole de Maputo publié en avril 2018 au Journal Officiel. D’ailleurs depuis 1990, le Code d’éthique des médecins autorise les avortements thérapeutiques.
Le cadre légal sur les questions d’avortement ayant évolué en RDC, la perception des uns et des autres devait aussi évoluer. Stigmatiser une femme ou une fille pour avoir recouru au service d’avortement, sans connaître ses vraies raisons est une atteinte à ses droits.
Equipe de campagne
*Anne, prénom d’emprunt
Au cours d’une cérémonie organisée le mardi 03 Décembre 2019 à l’espace Bilembo, Si Jeunesse Savait a été honoré de recevoir par les mains de sa Directrice exécutive, Richine Masengo, le Prix Human Rights Tulip Award 2019 décerné pour la première fois à une congolaise et pour la deuxième fois en Afrique.
Ce prix organisé par le gouvernement néerlandais, récompense dans le monde, des hommes et des femmes qui promeuvent et défendent les droits humains de façon courageuse et novatrice.
Depuis sa création en 2008, la Human Rights Tulip Award a été décernée à des personnes et des organisations originaires de divers pays. A partir de 2013, une attention particulière a été accordée au caractère novateur de leurs efforts. Le caractère novateur implique que le défenseur des droits humains travaille à impulser un changement au niveau social, politique ou technologique.
Cette année, et pour la première fois, le prix a été décerné, au niveau national, à un défenseur des droits humains congolais Richine Masengo, choisi par le Ministère néerlandais des Affaires Etrangères pour le combat qu’elle mène avec Si Jeunesse Savait à Kinshasa contre les inégalités et injustices que subissent certaines communautés et minorités.
De par cette récompense, Richine Masengo a rappelé l’importance d’aborder des questions taboues au sein de la société congolaise et la reconnaissance de la liberté et des droits des jeunes. “Nous, les jeunes de Si Jeunesse savait, avions décidé de ne pas tourner autour du pot, et de mettre carte sur tables les questions pertinentes qui nous concernent et qui gênent. Nous avons décidé d’en parler sans tabou. Nous prônons le respect de la vie privée de tout un chacun, raison de notre dévouement dans la lutte pour les droits à la Santé sexuelle et de la reproduction de tous les jeunes y compris les droits des LGBTI (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et les personnes intersexes)”. Retrouvez l’integralité de son Discours de Richine Masengo lors de la remise du Trophée Human Rights Tulip Award DRC 2019
A travers sa lutte pour une meilleure prise en compte des droits sexuels et reproductifs, pour une réduction du risque liés aux avortements clandestins et pour l’accompagnement de la communauté LGBT en RDC, l’ambassadeur des pays bas en RDC, Robert Schuddeboom, a reconnu en elle l’exemple par excellence d’une défenseuse des droits humains.
Le Ministère néerlandais des Affaires Etrangères a salué Richine pour ce travail important, et espère que ce prix sera un encouragement pour tous ceux qui luttent pour le respect des droits humains dans leurs communautés.
Ainsi, ce prix donne à Richine Masengo l’avantage de participer à un programme qui se tiendra aux Pays-Bas et de bénéficier d’une contribution financière du gouvernement néerlandais dans le cadre d’un projet de promotion des droits humains.
Le Comité Technique Multisectoriel de la Planification Familiale (CTMP/PF) a organisé du 03 au 05 Décembre 2019 à Kinshasa la 4e Conférence Nationale pour le Repositionnement de la Planification Familiale(CNRPF) sous le thème : « Emergence de la RDC en 2030 : place et rôle de la planification familiale ».
Initié depuis 2004, la CNRPF de cette année avait pour objectif de mobiliser plus de fonds et améliorer l'accès aux services de planification familiale auprès des adolescents et jeunes.
En marge de cette conférence, une pré-conférence des jeunes a été organisée du 02 au 04 Décembre 2019 à l’Institut National Pilote des Sciences de Santé, INPESS en sigle.
Réunis autour des sujets qui traitent des problèmes de la santé sexuelle et reproductive des jeunes, les services et offres que proposent les organismes ainsi que les questions relatives à la planification familiale, les jeunes des différentes associations ont savouré des moments des partages et des connaissances enrichissants.
Plusieurs organisations nationales tant qu’internationales ont pris part à cette activité en disposant des services de la SSR et de la PF aux participants.
Saisissant cette opportunité pour faire connaitre ce que nous sommes et ce que nous faisons, l’ONG Si Jeunesse Savait à travers son stand a sensibilisé les participants sur l’usage des méthodes contraceptives afin de se protéger des Infections Sexuellement Transmissibles et d’éviter des grossesses non désirées.
Ainsi, à l’issu de cette pré-conférence réunissant des jeunes ; les préoccupations majeures de la jeunesse sur la Santé Sexuelle et Reproductive ont fait office d’une déclaration des jeunes qui a été lu dans la grande conférence devant le gouvernement, les partenaires et les bailleurs des fonds.
Jeune santé est allée à la rencontre d’une jeune ménagère rescapée d’un avortement « maison ». L'histoire révèle une dangereuse tendance au Nord-Kivu : se faire conseiller par ses amies du quartier sur les techniques d'avortement. Tombée dans les bras d’un homme marié peu de temps après la mort de son propre époux, Aïcha se retrouve enceinte. De peur d’être rejetée par ses proches, elle prend la décision d’avorter.
Au même moment, les femmes de son entourage rapportent que l’avortement en est tabou mais à la mode. La question qui fait tourner sa tête devient celle de savoir « comment avorter ».
Aïcha se lance dans sa propre course à l’avortement. « Comment avorter à la maison » ou « comment avorter à deux mois de grossesse » sont les phrases qui font le débat avec ses conseillères.
Et ce qu’elle entend comme réponses ferait frémir n’importe quel médecin. L’une d’elles, lui conseille de se procurer deux médicaments, notamment un traitement contre les ulcères et brûlures de l’estomac. En les combinant, apprend-t-elle, le fœtus devrait être expulsé en toute sécurité.
Aïcha sort du monde théorique pour entrer dans le monde pratique et s’embarque dans une procédure qui aurait pu lui être fatale.
Elle se procure les médicaments conseillés, dépose sa fille dans son village familial, se prépare à effectuer elle-même une intervention extrêmement risquée.
Avant de passer à la dernière étape, « elle se fait conseiller par une autre de ses débatteuses pour se rassurer ». Puis elle avale sa première tablette, suivie d’une deuxième six heures après.
La douleur devient vite insupportable. Aïcha est seule dans sa chambre et vit un enfer.
« Je me suis mise à crier, et entendre quelqu’un frapper à la porte. J’étais étendue au sol, suant et saignant à profusion. Je ne pouvais même pas me déplacer pour aller ouvrir la porte », se souvient-elle.
Elle est transportée d’urgence à l’hôpital et doit acheter le silence d’un de ses voisins qui menace de révéler son avortement.
C’est ainsi que la jeune Aïcha a enfin bénéficié après cette tragédie, d’une assistance médicale et des meilleurs soins pour son avortement (…)
Innocente KABANO
(Journaliste formée dans le cadre du projet « Mongongo na Biso 2 » à Goma)
Avez-vous moins de 30 ans, Êtes-vous un(e) activiste féministe, êtes-vous intéressé(e) par les droits sexuels des adolescentes, internet et l’entreprenariat ?
Aimeriez-vous diriger une équipe dynamique, et motivée à faire avancer les droits des jeunes congolais (es) ?
Vous êtes certainement le (la) prochain(e) Directeur/trice Exécutif/ve adjoint/e que recherche si jeunesse savait.
Titre du poste : |
Directeur/trice Exécutif/ve Adjoint/e |
Lieu : | Kinshasa |
Mandat
de SI JEUNESSE SAVAIT : |
SI JEUNESSE SAVAIT (SJS), association des jeunes féministes de la RDC, est sans but lucratif, apolitique et n'appartenant à aucune obédience religieuse.
SJS a pour mission de faire la promotion et la protection des droits humains, réaliser des études et des recherches, offrir des services, renforcer les capacités, et assurer l’autonomisation financière de tous adolescents et jeunes en particulier, les filles et des minorités sexuelles, puis promouvoir et renforcer un leadership fort de ces personnes pour qu’elles puissent parler pour elles-mêmes, en leur nom, dans leur propre environnement. |
But du poste : | Le/la Directeur/trice Exécutif/ve adjoint/e assure la mémoire de l’organisation. Elle élabore les rapports d'activités et est associée à la gestion financière, matérielle et administrative.
Elle donne son avis sur les priorités des dépenses et contribue à la réflexion sur l'utilisation optimale des ressources. |
Responsabilité |
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Profil requis |
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Merci de cliquer sur soumettre pour postuler
Date limite: Le 15 janvier 2020
Tous les emails recevront un accusé de réception mais seules les candidates et candidats présélectionnées seront contacté-es.
Fait à Kinshasa, le 18 septembre 2019
Le bureau exécutif SI JEUNESSE SAVAIT
Pour toutes préoccupations, veuillez nous contacter à info@mwasi.com
Ils sont des jeunes professionnels des médias des 4 provinces de la République Démocratique du Congo ( Kongo central, Kinshasa, Nord et Sud-kivu) et avaient pour mission de réaliser des productions journalistiques de tout genre sur la thématique de la Santé Sexuelle et Reproductive et de contribuer à la vulgarisation de l’article 14 du Protocol de Maputo ratifié et domestiqué par le gouvernement de la RDC.
Et parmi eux ; UN seul sera couronné comme lauréat du trophée « Mongongo na Biso » ce 3 octobre à Pullman Hôtel de Kinshasa pour avoir réalisé avec le respect de l’art ces productions en éclairant l’opinion sur la question de la mortalité et de la morbidité maternelle. . Cette remise de trophée interviendra en marge de la célébration de la journée internationale de l’avortement sécurisé à la présence des invités et plusieurs personnalités issus de la société civile, des membres du gouvernement de la RDC, des ONG et ONGI ainsi sans oublier des institutions journalistiques de la place.
Notons que, 3 journalistes nominés des provinces précitées prendront part à cette grande journée, afin de tenter de remporter ce grand prix « Mongongo na Biso », le 1er en RDC en ce qui concerne la santé sexuelle et reproductive.
Qui sera le (la) gagnant-e ? Quelle province marquera l’histoire en remportant le tout premier trophée qui récompense les journalistes sur la santé sexuelle et reproductive ? Et comment se présente donc ce fameux trophée ? Nous le découvrirons tous ce 3 octobre 2019 !
Avez-vous moins de 30 ans, Êtes-vous un/une activiste féministe, êtes-vous intéressé-e par les droits sexuels des adolescentes, internet et l’entreprenariat ?
Aimeriez-vous travailler dans une équipe dynamique, et motivée à faire avancer les droits des jeunes congolais ?
Vous êtes certainement le/la prochain-e administrateur (trice) que recherche si jeunesse savait.
Titre du poste : |
Administrateur (trice) |
Lieu : | Kinshasa |
Mandat
de SI JEUNESSE SAVAIT : |
SI JEUNESSE SAVAIT (SJS) est une association des jeunes féministes, sans but lucratif, apolitique et n'appartenant à aucune obédience religieuse.
SJS a pour mission de faire la promotion et la protection des droits humains, réaliser des études et des recherches, offrir des services, renforcer les capacités, et assurer l’autonomisation financière de tous adolescents et jeunes en particulier, les filles et des minorités sexuelles, puis promouvoir et renforcer un leadership fort de ces personnes pour qu’elles puissent parler pour elles-mêmes, en leur nom, dans leur propre environnement. |
But du poste : | l’administrateur (trice) est la personne qui assure la bonne marche du bureau, et dans le fonctionnement régulier de l'association y compris la maintenance du bureau et de ses biens. |
Structure du poste : | L’administrateur (trice) rend compte à la Directrice exécutive adjointe |
Durée d’engagement | Une année avec possibilité de renouvellement |
Responsabilité |
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Profil requis |
Compétences et connaissances techniques requises :
Compétences comportementales :
Expérience requise :
Le candidat ou candidate devra incarner les idéaux et la philosophie féministe en général et en particulier à ceux de SI JEUNESSE SAVAIT |
Contenu du dossier |
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Date limite : le 15 juin 2019
Tous les e-mails recevront un accusé de réception mais seul(e)s les candidat(e)s présélectionné(e)s seront contactés.
Fait à Kinshasa, le 14 Mai 2019
Le bureau exécutif de SI JEUNESSE SAVAIT
Pour toutes préoccupations, veuillez nous contacter sur info@mwasi.com
En juin 2015, SJS a été choisi par PAI, une ONG américaine pour être partenaire sur le projet QUEST qui vise à comprendre la qualité des services de planification familiale dans 5 pays à savoir la RD Congo, l’inde, Myanmar, l’Éthiopie que le Pakistan. Cette recherche est financée par la fondation Packard
Le projet de recherche sur la qualité des services de planification familiale était focalisé principalement sur la ville de Kinshasa. Dont vous trouverez plus amples d’informations sur ce lien https://mwasi.com/planification-familiale-en-rdc-les-jeunes-recherchent-la-qualite-des-services-recus/
La recherche avait finalement démontré que Les adolescents surmontent de nombreux obstacles pour obtenir les services de santé de qualité et les produits de base dont ils ont besoin. C’est ainsi qu’une deuxième phase a été mené par Si jeunesse savait en partenariat avec SANRU pour faciliter l'accès aux services de qualité de planification familiale aux adolescents et jeunes en RDC.
Cette deuxième phase a eu comme objectifs :
Voici les fiches techniques PF actualisés pour répondre ce problème :
Lors d’une réunion organisée tôt dans la matinée par l’association des jeunes féministes « Si Jeunesse Savait » (SJS) les étudiants de l’UPC, l’ISP et l’IFASIC étaient invités à participer à des conférences sur le thème du harcèlement sexuel. Parmi ces étudiants, nombreux étaient ceux qui venaient pour la première fois et n’avaient jamais été sensibilisés sur la problématique du HS à l’université.
Certains des participants taquinaient une étudiante qui venait juste d’arriver. Ils l’ont fixée du regard et ont commencé à la submerger de questions, du genre « pourquoi était-elle venue en retard ? Pourquoi était-elle mal-habillée comme ça? Ne savait- elle pas qu’elle faisait honte à voir ? »
L’accoutrement de la jeune étudiante , est une raison valable pour se faire harceler ?
Ces garçons lui demandaient donc la raison qui l’avait
poussée à porter une petite robe fleurie parce qu’ils trouvaient cette robe très sexy et ils la considéraient comme une impudique de se vêtir de cette manière. La jeune femme s’était retrouvée accablée de honte, mise extrêmement mal à l’aise et ne pouvait supporter de suivre sa formation tant l’attitude de ces garçons l’avaient dérangée. Heureusement que le thème de la formation parlait du Harcèlement Sexuel !
La première intervenante, avait comme thème « les violences sexuelles et le genre ». Ce thème tout justement nous avait emmené à faire un débat sur l’habillement des filles/femmes. Elle avait pris la parole pour interpeller ces étudiants sur le fait qu’ils avaient intimidé et menacé cette jeune étudiante en raison de son habillement. Elle leur avait expliqué et fait comprendre que ce n’est pas le fait que la fille s’habille en une courte robe qui leur donne le droit de la harceler.
Ce jour-là, cette histoire de robe avait servi de parfaite illustration pour sensibiliser les étudiants sur la lutte contre le harcèlement sexuel en milieu universitaire. En effet, même des remarques anodines sur la manière de s’habiller peuvent être assimilé à du harcèlement sexuel.
Selon moi je pense que les étudiants avaient eu beaucoup de chance à pouvoir participé à cette réunion d’autant plus parmi ces étudiants, il y a encore une majeure partie qui vivent dans l’ignorance, et qu’ils n’ont pas souvent l’occasion de participer à des telles formation. Il sera donc impérieux de penser à sensibiliser également le corps professorale, académique et administratif car à nos jours le harcèlement sexuel est un fait réel qui semble être négligé.
Les enseignants aussi doivent s’investir dans l’éducation éthique et morale des étudiants et étudiantes, ce n’est pas seulement former des médecins, économistes, avocats ; mais aussi quand ils terminent l’université ils accèdent dans le monde professionnel avec un bagage d’éthique avec eux.
Dans sa riposte contre le VIH/Sida, la République Démocratique du Congo n’a pas oublié d’associer l’environnement juridique aux efforts matériels et humains en vue de venir à bout de cette épidémie. C’est ainsi qu’elle s'est doté, en interne, d’un instrument juridique particulier, à savoir la loi n° 08/011 du 14 juillet 2008 portant protection des droits des personnes vivant avec le VIH/SIDA et les personnes affectées.
L’objectif mondial 90 – 90 – 90, une cible ambitieuse de traitement pour aider à mettre fin à l’épidémie du sida, veut à ce qu’à l’horizon 2020 :
Pour y arriver, la RDC devrait lever les différentes barrières, dont la barrière juridique liée au dépistage et à l’annonce du résultat du test VIH pour une meilleure prévention et prise en charge du VIH/SIDA.
Selon l’EDS 2014, plus de 83% de jeunes de 15-24 ans n’ont jamais effectué le test VIH et 55% de nouvelles infections sont survenues dans une population relativement jeune et active de 15 à 29 ans (NCU VIH/TB p.9).
La loi actuelle exige, tant pour le dépistage du mineur que pour l’annonce des résultats du dépistage au mineur, le consentement des parents ou du tuteur.
Or, en pratique, le non-accès du mineur au dépistage sans le consentement des parents/tuteur retarde bien souvent la connaissance de la sérologie et la prise en charge médicale, soit que l’enfant ne souhaite pas informer les parents/tuteur de sa démarche, soit que les parents/tuteur refusent le dépistage de l’enfant, soit encore que l’enfant n’ait pas la possibilité d’obtenir cette autorisation à défaut de représentant légal…
De même, le non-accès du mineur aux résultats du dépistage sans le consentement des parents/tuteur pose régulièrement des difficultés dans la prise en charge médicale du mineur, en particulier en empêchant l’adhérence du mineur à son traitement médical lorsque les parents/tuteur refusent que son statut sérologique lui soit communiqué.
Cette exigence de consentement des parents ou du tuteur pour le dépistage du mineur et pour l’annonce des résultats du dépistage au mineur met dès lors à mal la réalisation des objectifs poursuivis par la loi n° 08/011 du 14 juillet 2008 portant protection des droits des personnes vivant avec le VIH/SIDA et les personnes affectées, à savoir la lutte contre la pandémie du VIH/SIDA, l’amélioration de la jouissance du droit à la santé pour tous et la lutte contre toutes stigmatisations et discriminations des personnes vivant avec le VIH/SIDA et des personnes affectées.
Elle met également à mal la conformité de cette loi à plusieurs conventions internationales ratifiées par la République Démocratique du Congo, en particulier, la Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l’Enfant, qui prévoit :
L’exigence du consentement des parents porte également atteinte au respect de la loi 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant :
Il y a dès lors lieu de modifier les articles 37 et 39 de la loi.
Dans le cadre de la modification de l’article 39 relatif à l’annonce, il y a en outre lieu de tenir compte de la nécessité d’utiliser les moyens de communication les plus appropriés à l’âge et aux facultés de compréhension du mineur, en vue d’obtenir une meilleure adhérence du mineur à son traitement.
Par ailleurs, il est établi de tout temps que la stigmatisation et la discrimination ont largement aggravé les répercussions négatives de l’épidémie en ce que les personnes concernées sont alors maintenues à l’écart des services liés au VIH.
C’est ainsi que les Directives internationales sur le VIH /Sida et les droits humains, auxquelles notre pays a souscrit, recommandent vivement d’éviter l’aggravation de la stigmatisation notamment par l’adoption des lois pénales spécifiques, car cela peut conduire certaines personnes séropositives à ne pas s’afficher publiquement comme vivant avec le VIH et constituer un grand frein à la prévention et au traitement.
C’est malheureusement le cas des articles 41 et 45 de la loi susvisée qui vouent aux sanctions pénales sévères les personnes que la même loi a pourtant vocation de protéger.
L’article 41 punit le refus d’informer « aussitôt » son conjoint et ses partenaires sexuels de son statut sérologique au VIH.
A la rigueur, s’il faut réprimer le fait d’exposer autrui au VIH, c’est dans le code pénal ordinaire qu’il convient de le dire car là seront englobées toutes les infections sexuellement transmissibles incurables, y compris le VIH.
Le délai à fixer pour divulguer son état sérologique ne doit pas être trop contraignant comme l’exprime le terme « aussitôt ».
La personne infectée a besoin de plus de temps et d’un environnement plus propice pour dévoiler son secret à son conjoint ou ses partenaires sexuels.
L’expression « délai raisonnable », utilisée dans la loi type de la SADC, paraît répondre mieux au besoin de préparer le meilleur moment pour faire la déclaration sans contrainte, étant entendu qu’il faudra recourir aux services de prise en charge pour obtenir tout l’appui psychosocial nécessaire, soutenir et aider la personne infectée à en faire l’annonce à son conjoint ou ses partenaires sexuels.
Cependant, il serait abusif pour la personne infectée de continuer les rapports sexuels à risque ou entreprendre d’autres sans faire part au conjoint ou partenaire de son statut sérologique. C’est pourquoi l’information devra intervenir avant tout nouveau rapport sexuel.
Ainsi donc, la modification de cette disposition consiste en la suppression de la phrase « Sous peine de tomber sous le coup des dispositions de l’article 45 de la présente loi » et au remplacement du mot « aussitôt » par le bout de phrase « dans un délai raisonnable mais avant tout nouveau rapport sexuel ».
Quant à l’article 45, son abrogation pure et simple s’impose car, outre le fait qu’il est en discordance avec les Directives internationales sur le VIH/Sida et les droits humains, il engendre inutilement la stigmatisation dès lors que la transmission volontaire du VIH est punie par le code pénal ordinaire à son article 174i de même que par la loi portant protection de l’enfant à son article 177.