FM : Certains cas avaient été largement documentés par la presse, d’autres nous ont été révélé lors de nos sensibilisations, particulièrement nos échanges avec les écoles, les universités ainsi que des organisations de femmes militantes.
BB : Suite à vos observations professionnelles et les commentaires de la communauté, quelles ont été les éléments les plus réussis et les pistes d’intervention requises suite à cette campagne? S'il vous plaît préciser les impacts et initiatives locales de la société civile, les autorités locales et les agences gouvernementales?
FM : Dans notre cas, c’était surtout la sensibilisation et activités publiques. Ces initiatives nous ont permis de reporter des cas locaux à la communauté internationale sur le site takebackthetech. Par la suite, les campagnes TECH SANS VIOLENCE ont permis à plusieurs personnes de comprendre que ce qu’elles vivaient n’étaient pas juste une blague de mauvais gout mais réellement une violence.
En outre, un petit nombre de cas, nous ont été révélé par les victimes elles-mêmes.
BB : Depuis la publication de l’étude, aviez-vous vu une augmentation de l’intérêt et de ressources pour la conscientisation et l’éducation populaire afin de lutter contre la VFFTTC?
FM : Non, nous n’avons pas vu cela. D’abord par ce que nous n’avons pas réellement circulé l’étude dans sa globalité, plutôt juste des morceaux choisis dans nos travaux de plaidoyer sur les politiques. Aussi, nous pensons que l’étude n’a pas révélé grand chose sur les stratégies des victimes, car sur les trois histoires documentées, aucune n’a cherché à avoir justice avec succès.
En outre, la partie des remèdes légaux était un peu en déphasage avec le contexte puisque la plupart des violences avaient été faites au téléphone et il y avait une difficulté à cerner réellement les responsabilités des opérateurs téléphoniques dans ces cas. Aussi le fait que ces opérateurs n’étaient pas très coopératifs ne nous a pas beaucoup aidés.
BB : Dans l'un des cas mis en évidence dans la RDC, une jeune fille a été victime d'une utilisation non autorisée de photos nues sur Facebook. Est-ce qu’il y a eu une attention particulière pour la protection des mineurs contre la VFFTTC? Si non, quelles mesures cruciales envisagez-vous pour la protection des jeunes femmes contre ces types d'abus?
FM : Lors de notre plaidoyer nous avons relevé que les jeunes filles avaient des besoins particuliers de protection mais n’avons pas beaucoup insisté sur ce message. Nous voulions être clairs sur le fait qu’il ne s’agit pas d’empêcher les jeunes adolescentes d’accéder à l’internet ou encore de protéger toutes les femmes comme des enfants. Nous avons plutôt insisté sur le besoin de comprendre ces violences et de les prévenir en sensibilisant les internautes sur ce qui est permis et ce qui ne l’ait pas sur internet.
BB : Dans un autre cas, la VFFTTC était directement liée à la violence contre les communautés LGBTQ en RDC. Quelles sont vos réflexions sur la nature particulière du problème et des solutions potentielles. Est-ce qu’il y a des protections juridiques ou d’autres mécanismes de protection contre les violations basées sur l'orientation sexuelle? Si oui, quels sont les obstacles vécus par les survivants pour exercer leurs droits?
FM : Il n’existe pas malheureusement de protection juridique spéciale pour les LGBTQ en RDC. Nous essayons déjà de mettre de l’avant le fait que nos lois ne criminalisent pas l’homosexualité et que tout abus et violations sont faits dans le cadre de l’harcèlement quotidien de la police.
Cet argument rend d’ailleurs difficile le fait de parler de violence ciblant les LGBTQ puisque cela peut arriver à tout le monde dans un contexte de violence généralisée envers les femmes. Comme vous le savez, le taux de violence sexuelle en RDC est assez élevé et les lesbiennes et autres femmes de communautés LGBTQ ne sont pas en reste.
BB : La nature transnationale des VFFTTC complique le processus juridique pour les abus locaux, car les violeurs sont situés à l'extérieur du pays de la victime. Dans l'étude de cas où l'ex-petit ami a piraté le blog de la survivante et a affiché des messages violents et harcelants, la victime a tenté d'obtenir de la justice par les gouvernements en RDC et la France. Elle a été incapable de trouver la justice, car aucune autorité judiciaire n’avait la compétence de rendre responsable l’agresseur. Quels changements aimeriez-vous voir pour remédier à cette situation? Les solutions sont-ils au-delà des moyens juridiques et administratifs disponibles?
FM : Je pense plutôt que le processus pour faire une telle démarche n’était pas très clair et incluait des dépenses onéreuses pour la victime. Par exemple, les autorités françaises demandaient d’aller porter plainte en personne sur place, voulant dire qu’il fallait payer un billet d’avion, obtenir un visa et avoir un avocat sur place. Cela représentait des difficultés financières pour la victime.
Par la suite, le processus pour bénéficier de l’aide du gouvernement congolais n’était pas clair puisque seule une personne, un fonctionnaire du ministère des affaires étrangères le connaissait et elle n’était pas disponible lorsque la victime en avait besoin.
Quant à la solution administrative qui consistait à écrire à la CNIL, elle était non seulement onéreuse mais également difficile à évaluer puisque la victime n’a jamais reçu de feedback en rapport avec sa demande. Et elle a dû l’envoyer par courrier recommandé international, ce qui est assez onéreux.
Pour répondre à votre question, ces violences devraient être traitées comme l’on traite les violences économiques transnationales avec la possibilité de faire intervenir des mécanismes existants et si possible peu onéreuses pour la victime.
BB : Quelle a été la réponse des fournisseurs de services locaux, y compris les entreprises de téléphone cellulaire, les services sociaux et la police? Qu'est-ce qui doit être fait pour renforcer leurs capacités à mieux protéger les survivantes?
FM : Leurs réponses étaient assez ambiguës. À plusieurs reprises, ils nous renvoyaient à des chartes règlementaires qui existaient sur leurs sites. Ils étaient en anglais, même dans un pays francophones et parfois, il y en avait plusieurs. On n’avait pas nécessairement l’expertise de dire qu’est-ce qui couvraient leurs responsabilités corporatives.
Nous avons aussi constaté qu’ils utilisaient les mêmes chartes pour tous les pays d’opération. Ils n’ont pas offert suffisamment d’informations sur leurs dispositions qui ciblaient la violence faite aux femmes au Congo.
BB : Dans de nombreux cas, les femmes sont incapables de trouver des remèdes juridiques en raison des frais juridiques élevés. Êtes-vous au courant d’organisations en RDC qui fournissent une assistance juridique en cas d'abus de VFFTTC?
FM : Il existe des organisations qui donnent de l’assistance juridique pour les violences faites aux femmes. Malheureusement, la VFFTTC n’est pas considérée officiellement reconnu comme une forme de violence fait aux femmes et les défenseurs judiciaires manquent de l’expertise pour se charger de tels cas. Nous avons eu à parler avec quelques-unes durant le projet et personne n’avait jamais reçu ce genre de cas, ni ne pensait pouvoir le défendre avec succès devant les tribunaux.
BB : Demander la justice peut présenter à la fois des défis physiques, psychologiques et communautaires pour les survivants. Comment votre organisation soutient les survivantes de VFFTTC et assure la protection des femmes contre la victimisation continuelle? Quels types de services sont offerts? Est-ce que les survivantes dans les études continuent à avoir besoin de soutien de votre organisation?
FM : Nous n’offrons aucun soutien particulier aux victimes si ce n’est la mise à niveau de la sécurité de leurs équipements de communication afin de prévenir les violences potentielles.
BB : Depuis la réalisation de l’étude, a-t-il eu d’autre cas de VFFTTC porté à votre attention? Si oui, veuillez élaborer les particularités de l’abus.
FM : Oui, nous avons traité des nouveaux dossiers. La plupart des cas, il s’agit de vols de données par des partenaires intimes avec qui les mots de passe et autres outils informatiques étaient partagés. Ce sont les mêmes genres d’abus que ce que nous avons documentés jusqu’ici à travers notre compagne de sensibilisation.
BB : Le concept de la justice est vaste et complexe. De quelles manières les femmes ont pu intégrer le concept de la justice dans leurs propres vies[i]?
FM : Notre recherche montre que pour la plupart des victimes, la justice n’était pas qu’on envoie la personne en prison, simplement que la violence cesse et que la vie puisse reprendre son cours.
BB : Les organisations qui travaillent contre la VFFTTC se trouvent souvent sur les premières lignes des violations des droits humains. En conséquence, est-ce que votre organisation a vécu des conséquences négatives dans le cadre de votre travail contre la VFFTTC? Quels sont les défis pour vous ou votre personnel en offrant ces services?
FM : Notre site a été piraté au tout début du projet par un groupe supposé être basé en Turquie et qui a laissé des messages inappropriés sur notre ancien site. Après avoir compris que la vulnérabilité venait de notre hébergeur, nous avons refait le site et déplacé l’hébergement ailleurs. Cela nous a pris du temps, de l’argent et de l’énergie. Malheureusement, nous avons perdu certains éléments de communication tels que les commentaires de nos supporteurs et des usagers du site.
BB : Comment peut-on comprendre la VFFTT par rapport à d'autres formes de violence contre les femmes, les normes patriarcales et la discrimination sexuelle en RDC?
FM : Ce sont des violences sournoises, qui n’arrivent qu’à la catégorie de la population qui est connectée à la technologie et que d’autres membres du mouvement des femmes. Les agresseurs sont très souvent plus âgés, ne comprennent pas et ne prennent pas en compte que c’est une violation des droits. Ils sont pourtant répandus et causent les mêmes dégâts que les violences domestiques ou sexuelles. Ils sont très souvent chez les tous jeunes adolescents et les femmes qui essaient de se démarquer des rôles de genre socialement préétablis. Le mouvement des femmes aura tout à gagner de s’embarquer plus dans le combat.
BB : Êtes-vous optimiste concernant le travail effectué? Comment pensez-vous que ce travail peut améliorer les droits des femmes?
FM : Nous sommes optimistes car il y a un grand intérêt à approfondir le sujet et nous pensons que dans le processus nous allons mieux comprendre les violences faites aux femmes en RDC. Comme organisation luttant contre la VFFTTC, nous avons créé une niche pour laquelle nous sommes reconnues et appréciées des autres organisations de femmes.
[i] Question par Lamia Kosovic, Que l’on retrouve au site suivant:
cette article à d'abord été publié sur GenderIT.org
De nos jours, de plus en plus d'histoires de femmes qui lorsque elles se connectent sur internet font l'objet d'attaques ou de harcèlement, qui visent à les intimider ou les faire taire. De plus-en plus, ses attaques sont orientés vers les femmes qui font de l'internet un outil pour exprimer leurs idées (leur ras-le-bol, ou simplement leur point de vue sur des sujets d'actualité) parfois certaines ne font que presenter leurs créations innovantes.
Entre blagues déplacées, insultes, injures, vols d'identité, menaces, harcèlements par messages anonymes ou au moyens de comptes privés, courriels insultant, modifications d'images personnelles, publications des images intimes sans consentement, incitations au suicide etc, les femmes subissent des milliers d'actes d'agressions tous les jours en ligne.
En Asie par exemple, les résultats d’une recherche réalisée en 2014 par une association féministe APC (l’Association pour les Progrès des Communications (APC), à révéler le cas d’un harceleur qui a utilisé les médias sociaux pour lancer des injures sexuelles et menacer une femme de violence, y compris le viol et l’assassinat. L'internet lui a également permis de découvrir son adresse physique. Les médias sociaux et les sites intermédiaires ont également permis d’accuser la victime de blasphème et d’inciter des tiers à user de violence contre elle. Dans ce cas, la technologie a été efficacement utilisée pour entraver la liberté d'expression de cette femme.
Les plateformes telles que Youtube, Twitter, Facebook et les blogues ont permis de harceler et d'abuser sexuellement une femme, notamment par la diffusion d'images portant son visage transformé sur des corps de stars du porno. Des dizaines de faux comptes Twitter ont été créés à son nom au fil du temps pour porter atteinte à sa dignité et/ou envoyer du matériel pornographique et odieux à ses amis et ses connaissances. Ces plateformes ont également été utilisées pour menacer de violence sexuelle extrême, y compris le viol et l’assassinat. La victime a été régulièrement maltraitée, menacée et agressée de la même manière sur son courrier électronique. En outre, le harceleur a utilisé un blogue pour publier des renseignements personnels détaillés sur la jeune femme et les membres de sa famille immédiate en menaçant de les tuer tous. Près d'un mois plus tard, la victime et son mari ont fait l’objet d’une attaque à main armée mais y ont survécu. L'abus et la violence envers cette victime étaient directement motivés par ses opinions politiques et sociales et visaient à la faire taire.
Cherchant à savoir qui sont les auteurs de ses actes, plusieurs cas tels qu’illustré par le résultat de cette recherche, indique que les hommes comme les principaux acteurs de ses actes.
Ceci renvoi donc à se poser des questions sur la responsabilité du pourquoi de ses actes envers les femmes. Vite, on se rend compte que, les motivations premières des auteurs de ses actes, sont entre autre faire taire la femme, limité sa liberté d'expression ou sa mobilité, impose une crainte à la femme d'approcher les outils de technologie pour s'exprimer.
Pris dans son ensemble, ceci est considéré comme des actes de violences faites à l'égard de la femme en ligne ou par la voix des outils de technologie. Ce qui démontre le besoin qu'à la société pour instaurer des nouvelles lois, non seulement pour sanctionner les violences physiques, mais particulièrement celle commises sur internet ou par des moyens des outils de technologies. Car, derrière de tels actes, plusieurs femmes perdent leurs identités ou leurs emploies, d'autre connaissent des crises psychiques ou mentales, sans compter les traumatismes qui empêchent encore à certains d'utiliser tel ou tel plateforme si elles arrivent à résister à la pression destiner à leur faire arrêter l'utilisation de l'internet.
En 2014, un artiste bien connu de la scène kinoise, également bien connu en tant que gay, a été retrouvé mort dans sa maison. Tout portait à croire que la dernière personne à l’avoir vu était un partenaire sexuel.
Le gardien de la maison de l'artiste, interrogé par la police avait donné le nom de la dernière personne à avoir visité son employeur, et comment son patron lui avait demandé de leur donner un peu de temps seul pour discuter à l’intérieur de la maison.
Ne reconnaissant pas ce nom, la communauté homosexuelle a commencé à enquêter sur qui pourrait bien être le partenaire sexuel de l’artiste dont personne n'avait entendu parler.
Il s’est avéré que l'homme était marié et père de trois enfants, qu’il voyait l’artiste depuis quelques semaines, et qu'il a rencontré par Internet sur un site de rencontre francophone bien connue appelé « Planet Romeo ».
Le meurtrier, condamné deux semaine après, se trouve aussi être un tueur en série qui avait été jugé au Congo Brazzaville, pour le meurtre de deux partenaires d’affaires, ou il avait échappé de prison et trouvé refuge dans sa ville natale de Kinshasa.)
Cela a soulevé, si pas pour la première fois, du moins très publiquement et ouvertement, le risque que court la communauté gaie du Congo lorsqu’ elle fait des rencontres avec des inconnus sur Internet. Ceci a montré clairement le besoin d’une stratégie pour contourner les risques auxquels elle est confrontée en ligne.
Plus de 50 ans après son indépendance, le pays est en proie à la pauvreté, le chômage, la corruption et les conflits armés, qui se reflètent dans le plus récent rapport sur l'Indice de développement humain. Selon la classification de l'ONUSIDA, la législation congolaise est dite être "neutre" en général quand il s’agit des questions liée aux lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT). Cela veut dire qu'il n’est ni question de protection ou de prohibition, car il ne punit pas les personnes sur la base de l’orientation sexuelle et de l'identité de genre.
Malgré cela, comme dans de nombreux autres pays africains, les minorités sexuelles sont victimes de toutes sortes des préjugés, la discrimination et la stigmatisation en RDC.
En outre, les services de sécurité congolais (police, armée et services de renseignement) violent fréquemment les droits des personnes LGBT les plus visibles, comme indiqué dans le rapport alternatif sur les droits sexuels en République démocratique du Congo présenté au Conseil des droits de l'homme en 2013.
Avec les élections à venir ou la population se demande si le président va se représenter, malgré le fait que la constitution ne le lui permette pas, les organisations des droits humains dénoncent une répression de la liberté d'expression qui, à la fin de 2014, a touché principalement les services Internet et les SMS. Ces services ont été fermés pendant près de trois semaines, alors même que certaines stations de radio indépendantes ont été interdites d’antenne pour avoir prétendument alimenté la crise liée au processus électoral.
Quelques politiciens ont également soulevé des préoccupations au sujet de leurs téléphones sur écoute et ont soulignés que certains des services internet ne sont pas revenus à la normale après trois semaines d’arrêt, craignant le spectre de la surveillance du gouvernement.
La nécessité d'être en sécurité en ligne
La RDC est classée par l’Association internationale des lesbiennes, gays, bisexuelles, trans et intersexuels (ILGA) parmi les pays qui ne criminalisent l’homosexualité. Les relations sexuelles entre personnes du même sexe ne sont pas explicitement incriminées par le Code pénal congolais. Cependant, l'homosexualité tombe, en vertu des lois dans l'indécence ». Mais, comme la preuve d'un manque de clarté dans le texte sur l’homosexualité, aucune sanction n’est y est associée.
Depuis 2010, la RDC a vu plusieurs tentatives de criminaliser les relations de même sexe. Ces nouveaux textes juridiques réclamés pour couvrir les lacunes qui existaient dans le droit pénal, contiennent également des dispositions sur l'interdiction des organisations qui promeuvent les droits des personnes LGBT.
Mais malgré l'absence d'une loi, l'homosexualité est évoquée implicitement dans certains textes juridiques. Par exemple, il se reflète dans la nouvelle loi de protection de l'enfance qui ne permet pas aux homosexuels d'adopter des enfants.
Cependant, socialement, les relations de même sexe sont considérées comme déviantes, pécheresses et comportement importé de l’Occident. Bien que les communautés LGBT existent, ils vivent dans la clandestinité et ont un profil bas, pour éviter d'attirer inutilement l'attention à la fois de la communauté dont ils font partie et des services de sécurité.
Les homosexuels Congolais sont aussi victimes de nombreuses formes de violations de leurs droits sans qu’ils ne recours nécessairement a la justice. . Ils sont régulièrement torturés par la police ; les services de sécurité, qui dans le même temps leur extorquent de l’argent. Ils sont également victimes de procès d’indécence, et sont décrits comme des déviants dans les médias congolais, en violation complète de l’éthique journalistique selon le rapport de la « sexual right initiative » sur les droits sexuels en RDC présenté lors du 19ème Examen Périodique Universel au Conseil des Droits de l’Homme, qui a collectés des témoignages dans les communautés locales dans le pays
Pendant tout ce temps, en raison de l'anonymat qu'il permet et sa nature transnationale, Internet est devenu un outil puissant pour relier diverses communautés LGBT locales, ainsi que les individus qui ont des relations de même sexe, mais ne se considèrent pas comme gay.
Facebook et WhatsApp sont appréciés pour leur facilité d’utilisation et, dans le cas de WhatsApp, pour son accès gratuit sur la plupart des réseaux de télécommunications dans le pays.
D'autres plates-formes, médias sociaux et applications mobiles sont également utilisés, l'un d’eux, « planetRomeo », un site Web basé en France, dédié aux rencontres entre homosexuels francophones. Sur plantRomeo, on peut créer un compte et avoir des conversations privées ainsi que forums de discussion.
Gay Malebo force, une communauté en ligne pour les gays d’origine congolaise, est un autre exemple de la façon dont Internet est utilisé par la communauté locale. Il a d'abord ciblé la communauté gay de la diaspora voulant rester en contact avec leur pays d’origine, jusqu'à ce que les Congolais sur place aient commencés à l’utiliser.
Gay malebo force a commencé comme une liste de diffusion, mais a grandi dans son utilisation de la technologie. Maintenant, il offre une variété de fonctionnalités sur le site Web, y compris un blog sur les questions gaies à la fois au Congo et dans le monde, une page Facebook privée où les gens peuvent échanger des informations d’intérêt public, ainsi que d'une page plus érotique appelé MIBALI AFRIKA où les membres peuvent se laisser aller à la plupart de leurs fantasmes.
Justice Walu, le fondateur du site a déclaré: «Nous étions préoccupés par la stigmatisation rampante liée à l'homosexualité et nous avons donc pensé qu'Internet était une bonne façon de faire de l'activisme et des rencontres en toute sécurité. Personnellement, je ne savais pas qu'il y avait des organisations ou des groupes de soutien pour des gays et lesbiennes, ainsi que les personnes transgenres. Maintenant que je les connais et participe à certaines de leurs activités, je pense néanmoins que le besoin d’une communauté en ligne subsistent, au moins pour tous ces gens qui sont homosexuels mais ne participeront jamais à des activités en personne, de peur d'être étiquetés et peut-être perdre tout ce a quoi ils tiennent ».
Selon lui, de plus en plus de gens utilisent Internet, mais ne sont pas conscients des failles de sécurité à leur vie privée ou de l'exposition auxquelles ils peuvent être confrontés:
"Même moi, je viens de m’inscrire dans un cours sur sécurité en ligne après 10 ans de maintien d'un blog suivi par plus de 20.000 personnes aujourd'hui. Je pensais qu’adopter un pseudonyme était suffisant, mais j’ai compris que cela ne suffisait pas ".
Comme Justice, Foko, leader d'un groupe de jeunes LGBT tient une page facebook publique: «Nous sommes plusieurs administrateurs sur la page. Nous vérifions les antécédents des personnes qui nous suivent ou font une demande d’amis, pour que tout le monde soit en sécurité. Si la plupart des personnes qui prennent part à notre page le parcourt avec leur profil réel, c’est parce qu'ils nous font confiance, ils nous ont vu en personne et savent qui nous sommes. Mais il arrive qu’il y ait de faux profils ajoutés par les administrateurs qui ne sont pas très prudents sur leurs choix d'amis. Nous ne divulguons jamais cela pour éviter la panique de nos membres ».
« Gays de la République démocratique du Congo », un autre groupe facebook gay fermé, est l'une des pages Facebook les plus populaires où les Congolais gay de la diaspora ainsi que tous ceux qui visitent le pays, peuvent recourir. Sur la page, les membres laissent parfois leurs numéros de téléphone pour tous ceux qui voudraient les rencontrer. Une fois un jeune activiste gay a donné l’adresse complète de son domicile pour que les gays et les lesbiennes qui le voudraient viennent participer a sa fête d’anniversaire.
Lorsqu’un membre du groupe lui a conseillé publiquement d’effacer l’adresse, il a semblé ne pas comprendre pourquoi, disant que de toutes les façons, tout le monde savait déjà qu’il était gay. Cependant, quelqu’un a fait remarqué que certains de ses amis n’étant pas ouvertement gay et pourraient ne pas se présenter à un anniversaire annoncé a tous comme fête gaie.
« Notre lutte n’est pas considérée comme politique ni importante par la communauté ou les services de sécurité, et la plupart des violations que connaissent les personnes LGBT sont en ligne avec les violations massives des droits auxquelles font face les congolais depuis des décennies. Ce n’est pas un problème jusqu'à ce que cela le devienne » dit Foko.
Toutefois, les membres de la communauté homosexuelle ne voient pas qu'il est important d’utiliser des stratégies de sécurité en ligne très strictes. Si Jeunesse Savait, les encourage en organisant des cours de sécurité en ligne spécifiques aux problèmes qu’ils rencontrent dans leurs utilisations des services basées en ligne.
Bientôt 10 ans, depuis que Si Jeunesse Savait (SJS) travaille sur les violences faites aux femmes aux moyens des technologies de l'information et de la communication. Ces violences peuvent se manifester sous forme de discours misogynes, de harcèlement sexuel sur Facebook, de menaces aux téléphones, de circulation ou de vol de données personnelles telles que le mot de passe et autres identifiants bancaires pour n'en citer que quelques-uns.
Durant ces 10 ans, les femmes tout comme les jeunes filles continuent de le découvrir. Elles nous disent qu'elles apprennent l’étendue des dégâts, même quand elles osent avouer enfin publiquement qu'elles aussi l'ont vécu.
L'histoire de Mama nous en dit long. Elle est étudiante en 1èreannée dans une université une grande université de Kinshasa, ou elle poursuit des études en sciences commerciales.
Mama raconte que c’est durant la période des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes, durant lesquelles Si Jeunesse Savait avait organisé plusieurs activités pour la sensibilisation (des jeunes en particulier) contre les violences liées aux TIC, qu’elle a pris part aux activités de la campagne Tech sans violence et, a découvert comment les femmes et les filles sont victimes des violences en ligne, combien elles sont vulnérables face aux utilisateurs malveillant des TIC.
Les explications et exemples concrets données par les animatrices de ces activités, lui ont permis de comprendre les différents types de violences qui existent ainsi que la nécessité de respecter la vie privée des gens et de faire la différence entre ce qui est privée et ce qui est public. .
Pour rappel, la campagne Tech sans violence, a consisté en 2014, à faire des animations au sein des écoles et universités de Kinshasa, à distribuer, à la sortie des classes, aux étudiants, élèves, enseignants et passant les affichettes portant des messages en rapport avec le respect de la vie privée en ligne.
Notre participante raconte que ceci a changé sa vie puis qu’elle s’est engagée juste après ses activités, à ne plus commettre ses mêmes actes de violence en ligne ;
Puis de sa propre initiative, elle a décidé de poursuivre la sensibilisation dans son université grâce aux affichettes qu’elle avait reçues.
En effet, ces affichettes faites avec des couleurs flashy et simples à lire avaient attisées la curiosité de ses camarades de classe qui lui ont posé beaucoup de question et lui ont redemande plus d’affichettes à distribuer à leur tour.
Pour les questions auxquelles elle n’avait pas de réponse, la jeune étudiante a pris son téléphone et a appelé les animatrices de SJS pour avoir plus de détails à partagé avec ses camarades de classe.
Lors de l’entretien avec cette étudiante de 20 ans, il s’est révélé que son attitude d’interpeler ses amis à ne pas publier des images qui violes une vie privée ou de ne pas faire des commentaires visant à violés les femmes en ligne lui a valu le surnom de « madame violence liée au TIC». Par son canal, Si Jeunesse Savait a pu entrer en contact avec plusieurs autres étudiantes de cette université venu s’informer sur la question de violence faites aux femmes en ligne et qui ont spontanément parlé des violences qu’elles avaient elles-mêmes subi.
Elles ont exprimé leur volonté de s’impliquer à fond dans ce combat. L’étudiante a par la suite, demandé à adhérer en tant que membre à Si Jeunesse Savait.
Nous avons sélectionné cette histoire car elle démontre la capacité de mobilisation de la campagne TBTT qui à un effet boule de neige surtout auprès des jeunes.
Cette exemple montre qu’à partir de parfaits inconnus rencontrés 5 minutes dans la rue, nous pouvons atteindre une université de près de 200 étudiants.
Même si toutes ne s’engageront pas dans la lutte contre ces violences, au moins elles sont exposées un discours très peu connu : le fait que la violence en ligne est aussi pernicieuse et dangereuse pour la vie des femmes et des filles que la violence qui se commet dans la vie de tout le jour.
Elle démontre également comment les activités du projet sont liées puisqu’à partir de la campagne, nous avons pu entendre des témoignages que nous avons mis sur notre plateforme de reportage des violences liées aux TIC. En effet, les violences liées aux TIC sont tellement personnelles puisqu’elles touchent à la notion de vie privée et parfois tellement intimes quand c’est un partenaire qui le commet que les victimes hésitent à en parler. Mais dans le cadre d’une sensibilisation de masse où des exemples sont données et un échange est fait avec un parfait inconnu qu’on pense ne jamais revoir, les langues se délient. Cela peut aussi être due, selon notre expérience, au fait qu’on entend le témoignage d’une victime et qu’on prenne conscience en ce moment que la même chose nous ait arrivée.
Amoureuse d’un garçon bouillant de son quartier, une fille de 19 ans a vu son intimité exposé à la télévision le jour où son frère qui est également son tuteur à décider de fouiller dans sa vie amoureuse pour la séparer de son petit ami.
Voici son histoire.
Il y a quelque mois j’ai fait connaissance d’un garçon qui habite mon quartier, et très vite nous sommes devenus amoureux. Il est bouillant de nature, et vient d’une famille modeste.À chaque fois que je garder la boutique de mon frère, je mettais un peu d’argent de côté pour mon petit ami, pour qu’il ait de quoi payer son transport ou s’acheter de quoi à manger. Je faisais toujours attention à ne pas éveiller des soupçons particulièrement auprès mon frère et de ma famille. Qui, je savais, s’opposeront à notre relation si jamais ils l’apprenaient.
Plus le temps passais, moins je faisais d’attention sur les dépenses que j’engageais pour lui. Mon frère a fini par remarquer les pertes d’argents dans la caisse de la boutique. Après une rapide investigation, il comprit que c’était moi la coupable. Il se mit à me surveiller et découvrit ma relation avec ce garçon. Très vite, il s’est oppose à notre relation et a exigé que je le quitte. Chose que j’ai refusé car je l’aimais.
Un jour pendant que nous étions au lit avec mon petit ami, mon frère a débarqué avec la police pour l’embarquer sous prétexte que c’était un voleur. Mon frère n’a même pas eu la politesse de nous attendre dehors. Il est entré avec des camera d’une des chaines locales qui ont commencé à nous filmer et à nous prendre des photos. Pendant ce temps une patrouille de police de passage sur l’avenue s’est arrêté, s’est saisi de l’affaire et nous ont tous embarqué au poste de police. Nous étions à moitié nus, mon petit ami et moi.
Mon petit ami a été transféré à la prison centrale de Kinshasa et pendant ce temps, nos images avec pour seuls habits que nos sous-vêtements circulaient déjà sur la chaîne locale et tous les monde qui nous connaissaient pouvait facilement nous identifier.
Honteuse de voir mon intimité exposé au vue de tous et soucieuse de savoir mon petit ami en prison, je ne mangeais plus et je ne parlais plus. Ma mère a compris que je frôlais la suicide et a supplié mon frère de retirer sa plainte et libérer mon petit ami.
Le comportement de mon frère m’avait tellement bouleversé que j’ai décidé de tomber enceinte de mon petit ami une fois qu’il serait sorti de prison pour prouver notre amour à mon frère. Chose faite et maintenant nous vivons ensemble.
Tous ce que je regrette c’est l’acte qu’avait posé mon frère qui me poursuit encore. Les gens continue à mes pointé du doit même quand je me cache. Je perdu mon intimité puis que ses images sont jusqu’aujourd’hui à la bande d’annonce de cette chaîne locale et continue à être diffusé.
Un Américain a été reconnu coupable de recel d'identité et vol de données pour alimenter un site internet de «porno vengeur» contenant plus de 10.000 photos à caractère pornographique. Il risque jusqu'à 24 ans de prison.
Kevin Christopher Bollaert, 28 ans, avait plaidé non coupable de 31 chefs d'accusations pour entente illicite, vol d'identité, extorsion de fonds. Il était accusé d'avoir créé le site internet ugotposted.com en décembre 2012, permettant d'afficher des photos dénudées sans l'autorisation des personnes y figurant.
Ce site «a fait de l'humiliation publique et de la trahison une marchandise ayant le potentiel de dévaster des vies», avait déclaré la ministre de la Justice de Californie Kamala Harris à propos de l'affaire.
Ces photos ont été généralement obtenues de manière consentante lors d'une relation amoureuse mais ensuite divulguées sur la toile sans permission, dans le but de se venger d'une déception sentimentale, ce qui relève de la «cyber-vengeance». Elles étaient aussi parfois piratées ou volées.
Contrairement à d'autres sites de porno vengeur où les photos sont anonymes, ugotposted.com demandait le nom du complet du sujet des photos, sa localisation, son âge et le lien vers son profil sur le réseau social Facebook.
Kevin Christopher Bollaert avait créé un second site internet, changemyreputation.com, utilisé pour extorquer de l'argent aux personnes qui avaient été victimes de cyber-vengeance sur ugotposted.
Il proposait alors de retirer les photos incriminées sur ugotposted.com pour un tarif allant jusqu'à 350 dollars, un procédé qui lui aurait rapporté des dizaines de milliers de dollars.
Le gouverneur de Californie Jerry Brown a signé en 2013 une loi pour interdire et permettre de lutter contre le porno vengeur. L'an dernier cet Etat du sud-ouest américain a adopté d'autres mesures pour protéger la vie privée et lutter contre ces crimes sur internet
On rappel qu’en Octobre 2013, Plusieurs Etats américains, dont celui de New York, envisageaient déjà de s’attaquer au phénomène porno vengeur en emboîtant le pas à la Californie en votant une loi afin de lutter contre ce pratique qui consiste à publier par vengeance sur internet des photos nues ou des films coquins réalisés avec son ancien partenaire, très en vogue outre-Atlantique depuis l'explosion des réseaux sociaux.
En effet, l’Etats de la Californie avait voté une loi qui était mis en application en 2013, laquelle sanctionnait d’une peine de six mois de prison les personnes s’adonnant à cette pratique, et d’une amande pouvant aller jusqu'à 1.000 dollars.
Pour lutter contre ce phénomène viral, les sénateurs de l’Etat de New York envisageaient de sanctionner lourdement les internautes qui s’adonnaient à cette pratique. Selon l'un d'eux, Phil Boyle, "la vengeance porno peut ruiner des vies de famille, des carrières". Dans son projet de loi, l'élu souhaitait ainsi prendre en compte les photos prises par la victime elle-même, car "80 % de ces photos sont des selfies [autoportraits, NDLR]".
"Si une jeune femme prend une photo d’elle-même, qu’elle l’envoie à son petit ami, puis que plusieurs années après ce dernier la publie en ligne, cela tombera sous le coup de la loi et c’est une grande avancée dans la législation", précisait-t-il.