SI JEUNESSE SAVAIT
Pour que le choix de la jeunesse compte
Association des jeunes féministes de la République Démocratique du Congo

Les étudiantes en sont victimes directes et les conséquences sont néfastes. Le harcèlement sexuel. Mais il y a aussi un autre aspect de ce problème qui est vrai et réel que nous devons relever. Puisque certaines personnes en ont subi les conséquences. Il s’agit des victimes indirectes, l’entourage.

Comment sont-ils affectés ? Je vous donne quelques explications dans ce billet, partant d’une expérience vécue.

Nous étions dans une réunion d’information organisée par l’ONG Si Jeunesse Savait pour un renforcement des capacités sur les violences basées sur le genre. Activité organisée lors de l’implémentation du projet AWDF « Ensemble avec les étudiants pour lutter contre le HS des femmes à l’université ».

L’experte sur les questions VBG (Violences Basées sur le Genre) dit aux étudiants : « je vais partager mon expérience en ce qui concerne le Harcèlement Sexuel en milieu universitaire. Puisque je l’ai aussi vécue ». La voici.

Les « petits bitinda » et les messages d’amour

Nous sommes en 1969 à l’Université de Kinshasa, appelée « LOVANIUM » à l’époque. Notre témoin est alors étudiante en Droit et fiancée. Par chance ou peut-être pas, elle partage le même auditoire que son fiancé, ce qui fait que tous les deux passent pratiquement toutes les journées ensemble au campus.

Malheureusement, explique-t-elle, un professeur commence alors à la courtiser en envoyant un étudiant avec qui il s’entend bien pour faire sa commission. On les appelle les « petits bitinda », en lingala, ce genre des garçons.

Du commissaire donc, l’enseignant passe aux lettres d’amour tout en exprimant ses sentiments ou en proposant des rendez-vous auxquels l’étudiante refuse d’aller. « Voyant que je ne réponds pas favorablement à ses avances, explique l’ancienne étudiante, il passe aux menaces disant qu’il me fera échouer si je ne deviens pas sa concubine ».

Le refus de la jeune fille d’alors, enrage l’enseignant qui décide de rendre la vie dure à son fiancé. Le pauvre ! Désormais, il ne fait qu’essuyer des échecs dans chaque interrogation et travail pratique des cours dispensés par le professeur harceleur.

C’est donc devenu un bras de fer entre lui et le professeur qui ne manque pas une occasion pour le ridiculiser en plein cours en présence des autres camarades.

« Nous commençons sérieusement à prendre des dispositions pour changer d’option, explique notre témoin. A cette époque, changer d’université n’est pas facile. Nous étudions déjà dans l’université la plus prestigieuse du pays LOVANIUM », Université de Kinshasa aujourd’hui.

Coup de grâce, en fin d’année, c’est de justesse que le fiancé passe de promotion, parce que le professeur était en mission en Europe pour des études!

Et si on en prenait conscience ?

Cette triste histoire vraie à la fin heureuse est juste pour vous faire comprendre que le Harcèlement Sexuel n’est pas un nouveau problème que les femmes rencontrent et se racontent entre elles à l’université. Cela existe depuis toujours.

Aujourd’hui, le problème est devenu crucial. Parce qu’on n’a jamais trouvé de solution pour mettre fin à cela. Je crains qu’il soit difficile, si non un frein, à la parité que nous voulons absolument voir venir effectivement les prochains jours dans toutes les instances de prise de décision de ce pays. Cela, tant que toute la société reste silencieuse.

Pour revenir sur l’histoire de l’experte, son fiancé est devenu son mari après leurs études de droit. Quant à elle, elle était ministre pendant quelques années en RDC, ce qui était son rêve. En passant, combien de femmes n’ont pas pu réaliser leurs rêves à cause du Harcèlement Sexuel à l’université ? À vous d’en juger !

 

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