A l’occasion de la journée internationale pour la dépénalisation de l’avortement célébré chaque 28 septembre, le Programme National de Santé de l’Adolescent (PNSA) en collaboration avec PATHFINDER INTERNATIONAL, a organisé le jeudi 01 octobre 2015 à Kinshasa, une journée de réflexion sur les grossesses non désirées chez les adolescent-e-s et les jeunes en RDC.
Susciter un élan d’idées en vue de créer un environnement favorable et qui soutient l’offre globale des services de santé sexuelle et de la reproduction aux femmes et jeunes filles en RDC tel était l’objectif visé par les organisateurs de cette journée, en présentant les rapports des deux études récentes réalisées respectivement par Médecins du Monde (MDM) et le programme national de la santé des adolescents (PNSA) et PATHFINDER INTERNATIONALsur la question de la santé sexuelle et reproductive des adolescent-e-s .
Contexte du pays sur la santé sexuel et reproductif
En République Démocratique du Congo, les adolescents et jeunes sont confrontés à des multiples problèmes de santé, plus particulièrement ceux de la santé sexuelle et reproductive. D’après le facilitateur de cette journée,le docteur Franck Akamba de Pathfinder, un rapport publié en 2013-2014 réalisé par une organisation internationale , démontre que 27.2% des adolescents ont déjà leur vie procréative alors que ces jeunes femmes âgées de 15-19 ans constituent un groupe à risque en matière de fécondité étant donné que la fécondité précoce a souvent des effets négatifs sur la santé des enfants et des mères jeunes . Parmi ces problèmes figurent : maternité précoce (27%), des IST (Infection Sexuellement Transmissible) et symptômes déclarés d’IST (19,3% chez les files) et 11.6% chez les garçons ; les avortements non sécurisés ; les violences sexuelles et celles basées sur le genre (16 ; 4%), les pratiques traditionnelles néfastes (le mariage précoce et autres formes), etc.
Parlant de la question des violences sexuelles et celles basées sur le genre ; le même rapport dit - il, indique que 71% de toutes les femmes en RDC ont connu une certaine forme de violence par un partenaire et les adolescents en sont des principales victimes avec la cohorte des conséquences, comme les grossesses non désirées se soldant pour la plupart des cas par des avortements provoqués dans des conditions très dangereuses. On estime à 14% le pourcentage d’avortements pratiqués chaque année chez les adolescentes dans des conditions dangereuses. 30% d’adolescentes et jeunes ont déjà fait un avortement, Une adolescente sur 6 (16,2%) a déjà fait un avortement provoqué.
Etat de loi en matière de droit et la santé sexuel et reproductif
En RDC, d’une part le code pénal criminalise l’avortement sous toutes ses formes y compris les grossesses issues des situations particulières comme le viol et l’inceste. La jouissance des droits en matière de santé sexuelle et de la reproduction est limitée uniquement au contrôle des naissances réduisant ainsi la prise de décision, le pouvoir économique, l’accès libre à la contraception, la qualité limitée des services de santé et favorisant les expériences de violence sexuelle et sexiste des jeunes femmes (SGBV) et les normes sociales qui stigmatisent les survivants de violence sexuelle et sexiste ;
D’autres parts, le pays a ratifié le protocole de Maputo qui en son article 14 autorise l’avortement dans des situations particulières s’il est pratiqué médicalement en vue de protéger les droits reproductifs de la femme particulièrement, lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou la vie de la mère ou du fœtus ou en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste sur avis médical confirmé par une contre-expertise.
Au regard de ce tableau sombre et considérant l’importance de cette tranche d’âge qui représente 32.8% de la population totale, pour l’avenir de la nation, il s’avère nécessaire, martèle maître Pélagie Ebeka, militante des droits des femmes et membre de la CAFCO, qu’une attention particulière soit accordée à la santé des adolescent-e-s, futur-e-s cadres de demain.
Parlant de l’avortement…
Le résulta de l’étude mené par la PNSA et le Pathfinder auprès de 503 jeunes de deux sexes âgés de 15 à 24 ans habitant les zones de santé de Masina1, Matete et Ngiri Ngiri à Kinshasa , avec l’objectif générale de vouloir comprendre les problèmes de Santé Sexuelle et de la Reproduction (SSR) des adolescents et jeunes qui les empêchent d’exercer leurs droits en matière de santé en général et de SSR, note que toutes filles (interrogées) qui ont déjà eu des rapport sexuels, près d’une fille sur trois (30,2%) a déjà avorté au moins une fois. Il a un peu plus d’une fille sur dix (10,8%) qui pense qu’une fille a le droit d’avorter et près d’un jeune sur dix (8,4%) est pour la légalisation de l’avortement médicalisé. Dans 25,9% des cas, les jeunes sont favorables à l’avortement lorsque les rapports sexuels ont été forcés.
Pratique de l’avortement clandestin et ses méthodes
Pour ce qui est des avortements, il ressort que dans 68% des cas, les filles fréquentent les centres de santé pour avorter et dans 27,4% des cas elles avortent elles mêmes en utilisant les produits suivants : l’acide folique, le cube magique, le tanzol, la quinene, le tangawisi (potion à base des plantes), le décaris ; l’ampicilline, la papavérine, le permanganate, la tétracycline. Dans 15% des cas, elles vont chez les tradi-praticien-ne-s ou chez les charlatans. Tous ceci, souligne Mr Mbadu Muanda, directeur du PNSA en présentant le rapport, montre l’importance de la société de réfléchir sur la question de l’avortement médicalisé, pour éviter à ces jeunes filles de courir les risques qui souvent conduisent à la perte de vie, ou de la maternité chez ses jeunes qui sont l’espoir du pays.
Les violences sexuelles ne sont pas toujours dénoncées.
Le résulta de l’étude qu’a réalisé le PNSA, Programme spécialisé du Ministère de la Santé, avec l’appui technique et financier de Pathfinder International qui ont organisé cette conférence débat pour mettre sur table la question des grossesses non désirées de viol et inceste chez les adolescents, a permis une compréhension généralisée de la SSR, Santé Sexuel de la Reproduction des adolescents et jeunes dans les zones de santé du projet. Elle a entre autre montré qu’il existe plusieurs formes de violences sexistes à l’endroit des filles.
Certains jeunes pensent que la femme n’est pas égale à l’homme, n’a pas les mêmes droits que l’homme, ne peut pas proposer un préservatif à l’homme etc. ces attitudes inégalitaires entre hommes et femmes influencent l’utilisation des services de SSR. Les mariages précoces sont une des pratiques traditionnelles nuisibles, qui malheureusement semble bénéficier d’une attitude favorable auprès de près d’un tiers des filles elles-mêmes. Les violences sexuelles ne sont pas toujours dénoncées.