SI JEUNESSE SAVAIT
Pour que le choix de la jeunesse compte
Association des jeunes féministes de la République Démocratique du Congo

Ignorant qu'elle était enceinte, Prisca, 28 ans, a pris des antibiotiques pour guérir ce qu'elle pensait être des infections vaginales. Mais ces produits, pris sans consulter un médecin, vont mettre en danger sa vie et celle du fœtus. 

Dans le cadre de la campagne #RespectezMonChoix, Prisca s'est confiée à santesexuelle.cd.

La jeune dame sort d'un mariage, il y a plus d'une année.

" Mon ex-mari et sa famille estimaient que j'étais stérile", raconte-t-elle.

Après la fin de l'union coutumière avec le premier homme de sa vie, Prisca a trouvé un nouveau compagnon avec qui elle partage une vie amoureuse depuis 7 mois. Et, c'est dans cette relation qu'elle est tombée enceinte, sans le savoir.

Influencée par son passé, elle ne croyait plus être capable de procréer. Et quand elle ressent l'inconfort dans son intimité féminine, Prisca a pensé à tout sauf à un malaise de grossesse.

" Mes amies m'ont dit que ça devait être des infections ovulaires et m' ont proposé de prendre quelques antibiotiques ", révèle-t-elle.

"Après quelques semaines, rien ne changeait. Au contraire, mon état s'était aggravé. Je commençais à avoir de petits saignements régulièrement.  C'est alors que je me suis rendue à l'hôpital. Là, le médecin m'a diagnostiqué une grossesse en souffrance.  Ce n'était plus possible de la garder au regard des médicaments que j'avais pris pour me soigner des infections. A ma grande surprise, le médecin m'a proposé un avortement par perfusion. Après trois séances, les choses s'aggravaient toujours. D'après le médecin, mes  trompes avaient des problèmes. En harmonie avec la famille, je devais subir une intervention chirurgicale pour extirper tous les déchets dans mon utérus".

Après cette dure épreuve, Prisca doit maintenant faire face à la stigmatisation dans le quartier, voire dans sa famille. Même sa relation avec l'auteur de la grossesse est au bord de la rupture. "Il m'accuse, comme presque tout le monde, d'avoir volontairement chercher cet avortement. Or, j'ignorais totalement être enceinte", regrette-t-elle.

Selon l'article 14 du Protocole de Maputo, un avortement est notamment autorisé si la grossesse met en danger la vie de la mère ou du fœtus. Et Prisca s'est retrouvée, sans le souhaiter, dans ce cas.

Jules Ntambwe

 

Les besoins en planification familiale (PF) chez les jeunes sont d’autant plus criants que les complications liées à la grossesse sont la première cause de mortalité chez les femmes de 15 à 19 ans. Il faut noter par ailleurs que les adolescentes contribuent à 20 % à la mortalité maternelle dans le pays. Mais l’analyse des normes et directives de la SRMNEA montre que ces dernières ne sont pas adaptées aux besoins des adolescents et jeunes tels que exigés par les normes actuelles de l’OMS qui recommandent la prise en compte des aspects spécifiques des adolescents et jeunes dans la prestation des services de santé sexuelle et reproductive, particulièrement les services de PF.

Pour répondre à ce problème, la DSFGS, le PNSA ont organisé en collaboration avec le PNSR avec l’appui financier de SANRU et SI Jeunesse Savait et les Partenaires Techniques intervenants dans le domaine de PF un atelier de mise à jour des documents normatifs SRMNEA interventions de Planification Familiale (Volume 6) du 22 au 23 aout 2018. Afin de Contribuer à l’amélioration de la qualité des soins de santé de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’Adolescent en R.D. Congo.

Découvrez le résumé de ces échanges qui permet aux documents normatifs de prendre en compte les besoin

s des adolescent et jeunes de la R.D. Congo en matière de Planification Familiale en cliquant sur ce lien Rapport atelier de mise à jour des docuements normatifs

Rapport mise a jour des documents normatifs

La sexualité est une question qui m’a toujours intéressé depuis bien des années maintenant. En tant congolaise, ayant grandi à Kinshasa, une mégalopole de plus de 10 millions d ‘habitants mais avec très peu d’infrastructures d’une ville moderne, je me suis toujours considérer comme une rescapée.

Les réalités de Kinshasa

Puisque plus de 60% de la population de Kinshasa a moins de 30 ans, je ne comprends pas comment on espère de nous de grandir dans la promiscuité d’une telle ville, sans avoir les informations qu’il faut sur sa sexualité et s’assurer qu’on n’attrape pas des infections sexuellement transmissibles, qu’on arrive vierge au mariage et pire encore que ce soit notre époux qui nous apprenne les bases de notre vie sexuelle.
Kinshasa est une ville où tout ce qui a de bon et de mauvais se rencontre. Malgré le fait que, virtuellement, notre culture nous considère que les jeunes filles et garçons doivent être chastes, on peut y parler, on peut y entendre et voir des couples d’adolescents comme dans la plupart des villes du monde entier. Ces jeunes comme moi il y a une dizaines d’années, y ont régulièrement des relations sexuelles consenties. Mais les violences sexuelles que ce soit l’inceste qui est commis dans le secret d ‘une famille et que tout le monde s’efforce soit d‘ignorer soit de couvrir ou encore le viol aujourd’hui décrié, grâce aux nouvelles qui nous arrivent des zones minés par les conflits armés, y est monnaie courante.
Alors que tout le monde a plus ou moins une idée de la fameuse période rouge ou l’on peut tomber enceinte (on divise son cycle par deux, on laisse trois jours de chaque côté avant et après le jour fatidique de l’ovulation pour être sur), on en sait en réalité pas beaucoup plus que ça. Est-ce que les informations qu’on se passe en chuchotant correspondent à la réalité de toutes les filles, est-ce qu’elles ont toutes le loisir de ne pas avoir de relations sexuelles durant ces fameux 7 jours ?

A qui s’adresser pour trouver la bonne information.

Personne ne peut nous aider à y voir plus claire. Ni les parents qui considèrent que les questions est tabous, ni les grand-mères qui ont été depuis longtemps converties par les églises ou la modernité, de ne plus assurer comme le veut la tradition notre éducation s sexuelle, ni l’école ou on se résume à nous apprendre les noms des parties de notre corps ;
Il y a depuis quelques années quelques centres de jeunes. 4 pour la ville de Kinshasa avec ses millions des jeunes. De plus en plus, des polycliniques ouvrent ce qu’ils appellent des coins des jeunes. Des simples salles, parfois équipés d’une télé, parfois de quelques dépliants sur comment éviter les grossesses. Et un prestataire qui peut se rendre disponible en cas de besoin pour plus de détails que celles des films et pamphlets mais les jeunes n’y vont pas en masse.
Et la suit, ce qu’il résulte de ces relations sexuelles des adolescentes, des grossesses. Et comme quand on est encore à l’école, pris en charge par des adultes ou sans ressources propres, on ne couche pas pour avoir un bébé.
C’est ainsi que beaucoup de filles, comparant le risque de se faire chasser de la maison, de ne plus avoir le soutien scolaire pour poursuivre ses études ou d’être la honte de la famille, avec le risque de tomber sr un charlatan, qui ne connait pas l’âge de votre grossesse, qui utilisent des instruments non stérilisés ou interdits, dans des conditions hygiéniques qui laissent à désirer, préfèrent malgré tout cette deuxième solution. Elles recourent à l’avortement. Or l’interruption volontaire de grossesse est internet en RDC, Pr une loi qui date de 1952, a l’époque ou le pays était encore sous le joug colonial. Et malgré que le pays ait ratifié le protocole de Maputo qui donne accès à l’avortement en cas de viol, inceste, agression sexuelle, santé mentale t lorsque la grossesse n’est pas viable ou met en danger la santé de la mère, le gouvernement n’a pas encore fait le nécessaire pour que cela soit une réalité pour tous.

« je commence et ils vont terminer » ?legaliser avortementlegaliser avortement

Tous les avortements qui sont fait en RDC, le sont donc clandestinement. Parfois les filles s’administrent elles –mêmes les doses de Cytotec, un médicament anti-ulcère détourné pour la présence du misoprostol dans ces composantes ou s’arrangent avec un prestataire de santé qui lui a le droit de se procurer le misoprostol vendu en pharmacie, puisqu’il est utilisé comme tonifiant vaginale en post-partum et donc fait partie de la liste des médicaments essentiels.
Bien sûr, lorsque ces procédés approximatifs ne marchent pas, il faut pouvoir rattraper le coup pour sauver une vie. C’est ainsi que les soins après avortement, considérer comme une stratégie d’assistance à personne en danger est enseignés et rendues disponibles dans les centres de santé qui accueillent les services adaptés aux jeunes.
Face au silence des décideurs, à leur manque d’empressement à changer la loi, c’est comme si on se mettait des œillères. On sait que les filles ont des relations sexuelles, mais on n’organise pas de services d’éducation sexuelle complète, si pas très peu, on ne prévoit pas de contraception si ce n’est des préservatifs pour les jeunes. On n’organise pas de services d’avortements sécurisés, mais on s’attend à ce que ces mêmes personnes viennent pour des soins après avortements.
Alors voilà pourquoi à Kinshasa, les filles se disent : « je commence et ils vont terminer » ?

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La sexualité des femmes en Afrique est très souvent mal interprétée et incomprise, surtout quand deux femmes sont concernées.

Ainsi la conception du sexe entre femmes est très souvent obscurcie par les représentations machistes que l’on trouve habituellement sous la catégorie «Lesbiennes » des sites pornos. ces films réduisent les relations érotiques entre femmes à des gémissements bidons, des jouets sexuels et des doigts aux ongles longs, irréalistes et franchement inquiétants.

Ce guide traduit de l’anglais se propose  de monter comment se satisfaire sexuellement, sensuellement et surtout, prudemment. Plusieurs trucs et astuces. Depuis l’utilisation des préservatifs pour recouvrir tout objet utilisé lors de la relation sexuelle, en passant par le bricolage des jouets sexuels ou à la discussion sur le consentement sexuel, ce guide en renferme pour tous les goûts.

Dans le contexte des des droits et de la santé sexuels et reproductifs (DSSR), le thème du plaisir reste un immense tabou.

Les personnes qui, dans le monde entier, comme Si Jeunesse Savait en RDC,  travaillent dans ce domaine peinent pourtant à transmettre aux jeunes un certain nombre d’informations vitales pour leur santé et leurs droits sexuels et reproductifs. Serait-ce parce que nous ne parvenons pas à prendre en considération les motivations et les désirs de ceux et celles que nous tentons d’atteindre ?

En privilégiant les solutions techniques, les prestations de services, les solutions de grande envergure, les dangers des pratiques sexuelles à risque, nous tentons de nous faire entendre par notre « clientèle » potentielle en usant d’un langage et de méthodes qui l’excluent.

Cela signifie-t-il que les personnes qui vivent dans certaines sociétés ne s’intéressent absolument pas aux sensations que procure le sexe ? Ces personnes contractent-elles des MST ou font-elles des enfants sans recourir au sexe ?

Il est évident que ce n’est pas le cas.

C’est la raison pour laquelle Love Matters, l’organisation pour laquelle  travaille l'auteure de l'article, s’évertue à combler ce fossé en parlant véritablement de la part « sexy et mouillée » du sexe. Nous agissons principalement dans l’espace numérique, ce qui nous permet de contourner les sentinelles traditionnelles de l’éducation sexuelle intégrée en combinant les médias, la technologie mobile et des récits convaincants pour atteindre les communautés qui nous visons.

Les organisations de ce type étant physiquement absentes de la vie des personnes que nous ciblons, le défi que nous devons relever consiste à devenir pour elles une ressource qu’elles rechercheront activement et vers laquelle elles retourneront.

Les membres de Love Matters ont compris que le « plaisir » pouvait être un moyen de travailler plus généralement sur les droits et l’éducation sexuelle.

Depuis nos débuts il y a 5 ans, nous avons organisé 50 millions de sessions, nos pages ont été vues 128 millions de fois et nous sommes suivi-e-s par 300 millions de personnes sur les médias sociaux.

Et devinez quoi : une grande partie de ces personnes entrent sur notre site internet par le biais de sujets traitant du plaisir.

En parlant ouvertement du plaisir sur nos plateformes, nous allons bien au-delà du badinage. Nous avons réussi à créer une zone sans tabous dans laquelle il est possible d’apprendre sans crainte d’être jugé-e.

Et quand ce processus se met en place, nous voyons les limites se défaire, et il devient possible d’entamer la discussion sur les comportements à risque.

Cette logique fonctionne au point que nos pages privées sur les réseaux sociaux ont permis à une jeune femme du Caire, sur le point de se marier et préoccupée par le fait qu’elle ait pu perdre sa virginité en se masturbant, de trouver un espace sûr où poser les questions qui l’inquiétaient et même montrer des photographies de son vagin.

Cette logique fonctionne au point qu’un jeune homme indien s’est mis à réfléchir à « toutes les mauvaises choses qu’il avait faites » après avoir lu un article qui expliquait à quel point les attouchements étaient désagréables du point de vue d’une femme. Il a expliqué qu’il avait l’habitude de tripoter les filles et les femmes dès qu’il en avait l’occasion et qu’il « frottait ses parties intimes contre elles dans les trains ou les bus bondés ». Il a déclaré se sentir maintenant coupable et s’est excusé pour son comportement.

Cette logique fonctionne au point qu’une jeune femme kenyane s’est tournée vers nous quand elle a découvert que son partenaire la trompait et qu’elle a dû trouver le courage de vérifier qu’elle n’avait pas été infectée par le VIH. Elle s’est encore tournée vers nous quand les services publics lui ont refusé la possibilité de passer ce test sous prétexte qu’elle n’était pas mariée, mais aussi quand elle a finalement appris qu’elle était porteuse du virus. Elle a décidé de faire connaître sa séropositivité à toute la communauté du forum et utilise désormais notre site kenyan pour inciter les autres à subir le test de dépistage du VIH.

Ce sont là des exemples bien réels.

Ces jeunes personnes vivaient une période décisive de leur vie et avaient besoin d’informations.

Il est par conséquent important de ne pas utiliser un langage qui catalogue, compartimente et juge. Il faut au contraire créer un espace de dialogue et de compréhension des différentes options pour permettre aux gens de prendre des décisions en toute connaissance de cause.

La plupart des gens ne se perçoivent pas comme des auteurs de violences sexuelles ou comme des personnes susceptibles de violer les droits humains. Bien peu se considèrent comme des personnes « à risque ». Personne ne se classe spontanément parmi les « marginalisé-e-s ». Et ceux et celles qui le sont n’entreraient jamais ces termes dans un moteur de recherche.

Quand on parle de sexe et de plaisir sexuel, le langage est un outil puissant, souvent utilisé pour renforcer les stéréotypes négatifs et les déséquilibres de pouvoir.

Dans de nombreuses régions où nous travaillons, il n’existe par exemple aucun mot pour décrire le plaisir féminin, ce qui montre à quel point ce concept est tabou. Le vocabulaire commun élimine purement et simplement la possibilité de parler du plaisir féminin d’une manière positive ou du moins, neutre.

Au moment où Love Matters a lancé son site indien, la langue Hindi courante permettait d’exprimer l’idée de masturbation masculine, mais il n’existait aucun mot pour parler de la masturbation féminine. Nous utilisions un mot pour cela dans les cercles de DSSR, mais nous avons été les premiers-ères à le mentionner dans une discussion en ligne destinée aux jeunes. Nous en avons ainsi normalisé l’usage et l’avons fait connaître à un public plus large.

Nous avons également dû nous assurer que les jeunes femmes égyptiennes puissent avoir accès à une représentation de la vulve avec toutes ses composantes nommées en arabe. Nous voulions qu’elles puissent acquérir une meilleure connaissance de leur corps et qu’elles imprègnent leurs parties génitales de la puissance de leur nom. En Égypte, la plupart des manuels ne montrent pas – et nomment encore moins – les différentes composantes de la vulve. Il est donc habituel que les femmes ne sachent pas où se trouve le clitoris et ne soient pas capable de l’identifier sur une image, ce qui rend d’autant plus difficile tout dialogue sur les conséquences de l’excision ou des mutilations génitales féminines.

Le plaisir n’est pas un sujet à aborder une fois tous les autres problèmes réglés : le fait que les femmes identifient et comprennent leur plaisir ainsi que leur droit au plaisir est indispensable à leur autonomisation.

Le temps est donc venu de dépasser l’aspect instrumental de la DSSR pour les femmes. Parlons des humains et des humaines comme ils et elles sont, dans leur intégralité, dans toute leur beauté vivante, haletante et suante. Parlons de nous comme des personnes et non comme des futur-e-s porteurs-euses de maladies ou comme des mécanismes reproductifs.

Car le fait qu’une femme comprenne son plaisir, s’approprie ce plaisir et le recherche a des conséquences extrêmement importantes. Le rapport que nous entretenons avec notre corps en est bouleversé ainsi que les décisions que nous prenons à son sujet.

Alors maintenant, en avant ! Revendiquez votre droit au plaisir et invoquez le pouvoir du « Ooooooooooh »…

Par Hannah Wallace Bowman de lovematters

Le jour où Sifa (appelons-là ainsi) m’a appelé pour de me dire qu’elle était avec sa sœur et qu’elles devaient à tout prix me parler, je ne saurais dire pourquoi mais j’ai su que nous n’allions pas parler du nouveau bar en vue, ni de qui est qui ou encore qui sort avec qui.

Pour la petite histoire, Sifa est une lesbienne de 36 ans, de forte corpulence, avec une voix grave, toujours à la dernière mode des jeunes artistes Hip Hop branchés. Sifa est une fille fascinante : Belle, toujours a fréquenté les stars de la musique congolaise, qui d’ailleurs, très souvent lui laissent la garde de leurs maitresses quand ils ne sont pas disponibles…elle est le genre de personne qui fait facilement des ami(e)s.

Orpheline de mère, Sifa est la fille d’un de ces hommes d’affaires Congolais qui a fait fortune dans le commerce. J’ai rencontré Sifa il y a près de 5 ans aujourd’hui. Une amie commune, en apprenant que je militais pour les droits des personnes gays et lesbiennes, nous a mise en contact. En fait, nous nous étions croisées brièvement à l’école mais je ne me souvenais plus très bien d’elle.

L’histoire commence après qu’elle ait rencontré une congolaise sur Facebook et qu’elles se soient liées d’amitiés au point que la fille en question ait décidé de venir en vacances au Congo, après plusieurs années à l’extérieure. Les deux entament alors une relation très intense que la famille de la fille n’appréciait guère. Cette famille décide alors de dénoncer Sifa aux services de renseignements sous prétexte qu’elle faisait du détournement de filles mineures pour tourner des clips pornographiques chez elle.

Le jour où elle et sa sœur que je rencontrais pour la première fois, sont venues me voir a la maison donc, je voyais Sifa pour la première fois après son opération chirurgicale. J’apprend par la sœur que Sifa vit chez elle depuis deux jours et qu’elle l’accompagnait afin que je sache que la situation était sérieuse. Convoquées par leur père ce jour-la, le but de leur visite chez moi était de me demander de les accompagner à cette convocation pour mieux expliquer à leur père ce qui se passait dans la tête (et dans le corps) de sa fille, Sifa.

Elles avaient mise une voiture à ma disposition pour me permettre d’avoir un trajet aller-retour plus ou moins agréable dans les embouteillages de Kinshasa. Dans toute l’histoire qui suit, ce qui m’a le plus touché dans l’entretien avec le père, cet homme d’affaires dont toute la ville avait entendu les exploits mais que je n’avais jamais vu, était sa grande sincérité devant une situation qui le dépassait complètement. Cet homme d’une soixantaine d’années, encore en pleine forme malgré son âge, me reçu dans son salon particulier où il me servi lui-même de l’eau et amuse-gueule.
– As-tu vu ce qui vient de se passer ? (je ne comprenais pas le sens de sa question)
– As-tu vu comment tous ces hommes se sont battus pour allumer le générateur d’électricité? et c’est Sifa qui vient de leur montrer comment le faire fonctionner ?
En effet, j’étais arrivée dans une grande demeure complètement plongée dans le noir et d’où on entendait que les arguments des gardiens, chauffeurs et autres travailleurs de la maison qui essayaient de faire fonctionner le générateur.

Son père a commencé par me raconter l’histoire de sa fortune, comment il l’avait amassé petit a petit, à force de sacrifice. Lui qui grandi auprès d’une veuve et qui mangeait le même poisson pendant deux jours, me raconta comment il avait vendu des allumettes de ville en ville, avait pris, pendant plusieurs années l’unique douche de sa journée dans les gares de train, jusqu’à devenir un jour le premier fournisseur de container de l’état Congolais. «Pour l’africain que je suis, cela me choque énormément qu’on me dise que j’ai sacrifié le bonheur de mes enfants contre ma fortune. Ces enfants sont nés avant que je ne sois riche. J’ai déjà une fille malade. Elle fait une collepsie. Elle dort plus que la normale. On m’a traité de tous les noms à cause de sa condition et j’ai du l’envoyer à l’étranger pour des soins appropriés. Et Maintenant mon autre fille, Sifa, me dit qu’elle se sent homme dans son corps!»

Ce cri de cœur venait d’un homme qui venait de payer 5000 Dollars américains pour qu’un groupe de policiers et agents de renseignements Congolais n’amène pas sa fille, toute juste sortie de l’hôpital dans un lieu inconnu. Ce n’était pas la première fois qu’il faisait un tel geste, et même s’il aimait ses enfants, tous avec leurs qualités et leurs défauts, il se disait qu’il était temps que cette situation avec Sifa cesse. Il avait donc chassé Sifa de la maison et lui avait coupé de tous les vivres jusqu’à ce qu’elle lui dise qu’elle était l’alternative de ce comportement qui privait la famille entière d’une revenue substantielle.

Je me trouvais donc au milieu de ce drame familial, car la sœur ainée de Sifa avait promis de trouver quelqu’un qui parlerait à leur père, lui expliquerait l’orientation sexuelle de sa fille et lui prouverait qu’elle n’est pas la seule. Sifa, elle-même tenait à ce que leur père sache que les gens comme elle, peuvent vivre heureux. Qu’ils peuvent subvenir à leur besoin financier afin de ne pas vivre toute leur vie aux crochets de leurs parents. Me faisait-elle si confiance que ça?

Ma relation avec Sifa, comme je l’ai dit au début, remonte à 5 ans. Nous sommes devenues collègues quand je lui avais récemment offert un travail dans l’ONG que je dirige. On peut dire que j’étais un peu son guide dans l’activisme LGBT. A la centaine de lesbiennes et alter sexuelles qui rêvaient toutes de vivre leur vraie sexualité en Europe ou aux USA, je répétais sans cesse que nous sommes congolaises et c’est dans notre pays que se trouve notre vie. Que nous devrions nous battre pour vivre en paix. Pour ne pas payer ces amendes policières qui nous pourrissent la vie et qui forcent nos familles à s’endetter. Pour ne pas subir ces détentions et ses viols dans les prisons du Congo. Pour ne pas se sentir forcer d’abandonner l’école quand nos camarades de classe, nos professeurs et les administrations scolaires ne nous acceptent pas tels que nous sommes et nous forcent au changement.

C’est aussi ce que j’ai expliqué au père de Sfia. A Sifa qui rêvait toujours d’aller vivre aux Etats-Unis, je lui ai demandé de considérer que même là-bas, les gays et lesbiennes avaient leurs problèmes. A elle qui se faisait du souci de ce que la police et autres extorqueurs allaient nuire à la fortune de son père, J’ai conseillé de prendre toute sa rage, sa déception et de les diriger vers la lutte pour les droits humains en République Démocratique du Congo. A son père, je l’ai supplié de reprendre sa fille, qu’elle avait besoin de sa protection et son amour chaleureux pour vivre « sa vie » à Kinshasa. C’était la première fois que je rencontrais une homosexuelle qui avait autant de soutien familiale.

Depuis cette médiation familiale il y a cinq mois, Sifa est rentrée chez ses parents, mais après avoir passé 3 mois, en dehors de Kinshasa pour se changer les idées. Son père a promis de se rendre disponible pour des émissions publiques où l’on aurait besoin de témoignage de parents sur la vie de leurs enfants homosexuels. Peut-être qu’un jour, nous lui demanderons aussi de contribuer financièrement à notre action?

Chaque fois que je repense à cette histoire, c’est l’image d’une affiche que j’ai au bureau qui me revient. Au dessus d’une belle photo d’une mère qui sourit a son petit bébé, il est tout simplement écrit : “maman, si tu savais que j’étais gay, m’aimeras-tu de la même façon?

Les spécialistes de la santé le confirment et le déplorent avec insistance : les femmes Congolaises n’ont pas dans leurs habitudes de recourir à un gynécologue ou tout autre spécialiste de santé pour avoir des informations fiables sur leur santé. Cela a des conséquences graves conduisant à des complications, parfois à la mort.

Il est très important de faire certaines mises au point ou bilan, de prendre soin de soi pas seulement en se coiffant bien ou en s’habillant avec style. Il faut se palper régulièrement les seins et se masser les aisselles, regarder son sexe à l’aide d’un miroir, le sentir parfois, avoir l’habitude de se rincer les seins à l’eau froide, surveiller l’évolution de son poids, demander conseil à un spécialiste quand on veut avoir recours à une méthode contraceptive, faire annuellement l’examen du frottis vaginal, pourquoi faut-il prendre soin de son périnée ?, etc.

Rachel Izizaw infirmière et instrumentiste de formation, militante féministe et formatrice, professeur à l’École Nationale Pilote d’Enseignement de Soins de Santé (INPESS) de Kinshasa a échangé avec les membres de Si Jeunesse Savait (SJS) et les a éclairé  et surtout nous apportera des réponses précises sur la prévention de la santé féminine le 25 mars 2015.

Cette activité fait partie de nombreuses autres alignées dans le cadre de la commémoration du mois de la femme.

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